
INTRODUCTION GENERALE
Mesdames et messieurs, il m’a été demandé d’exposer, je dirais plutôt échanger avec vous sur la situation de crise endémique que traverse le Mali et sur la MINUSMA., solution appliquée par la communauté internationale.
A titre personnel, j’ai considéré cela comme une invite à une analyse approfondie qui nous permettrait de mieux connaitre les racines profondes du conflit et l’efficacité du remède qui est en train d’être administré au malade qu’est le grand Mali. Grand Mali quel que soit l’angle d’attaque. En effet qui peut nier ou ignorer la grandeur du territoire malien, la diversité de ses populations ? Qui ne sait pas que l’empereur Kankan moussa (1312-1337) est considéré jusqu’ à présent comme le dirigeant le plus riche du monde ? Quid des richesses du sous-sol malien qui explique même parfois la rectitude des lignes de sa frontière nord tracée à dessein par les colonisateurs français ? On eut dit une volonté de lui enlever des richesses, une certaine partie du territoire. Quel état ouest africain peut présenter une antériorité historique plus riche que ce qu’englobe aujourd’hui l’état Malien ? Nous nous garderons de faire des comparaisons entre états, notamment ceux du sud du Sahara qui en fait constituent un unique bloc socio-culturel qui peine à atteindre l’unité politique tant les influences extérieures et les méfiances internes sont et ont été toujours tenaces.
C’est par ailleurs, ce qui force à ne plus limiter la crise à l’épicentre qu’est le Mali tant ses proches voisins du Sud en ressentent les conséquences directement sur leurs propres territoires vu le déplacement du centre de gravité du conflit du Nord Mali vers le sud. Cela devrait amener certainement une nouvelle approche mieux adaptée tant la diversité des acteurs et des territoires impliquées dans la crise a augmenté.
Ceci m’amène d’emblée à reformuler même la question de plusieurs manières : Est-ce que l’approche de la crise par la communauté internationale à travers la MINUSMA est adaptée à la profonde crise que traverse le Mali et qui s’étend de plus en plus au sud du Sahel impliquant de plus en plus d’acteurs aux intérêts souvent divergents ? Est-ce qu’une approche géopolitique prenant en compte tous les facteurs a été adoptée lors de la conception de la MINUSMA et non un mimétisme qui rappelle la MONUSCO ou la MINUSCA ? Pourquoi pas une rupture nette, innovante pour sortir le Mali de la crise ? Et par rapport aux crises, nous pourrions bien aussi avoir besoin de nous poser encore ces questions : quels sont les véritables enjeux dans les différentes crises qui secouent le Mali ? Quels intérêts réels cherchent à défendre les différents acteurs ?
A ces questions très liées, avant de présenter mon argumentaire, je répondrai :
Juste, après la stabilisation du front Nord par l’opération SERVAL de 2013, la MINUSMA pouvait être considérée comme un remède adapté car visant à stabiliser le Mali qui pouvait profiter de la couverture des autres pour se renforcer et prendre en compte la crise progressivement par ses propres moyens. Mais, devant le déplacement de l’épicentre de la crise du triangle kidal/Gao/Tombouctou au liptako gourma impliquant ainsi les pays voisins du Sud presqu’au même niveau que le Mali, la réponse de la communauté internationale calquée sur les autres théâtres montre ses limites et la nécessité de l’adoption d’une nouvelle posture mieux adaptée à la complexe crise aux origines lointaines qui freine le développement économique et social du Mali et toute la sous-région.
Pour tenter d’analyser, de mieux comprendre, cette crise qui secoue le Mali avec des périodes d’accalmie bien avant l’indépendance et de présenter la réponse de la communauté internationale suivie de propositions de solutions, mon intervention suivra ce plan.
1. Les crises Touaregs, de Tondibi à 2012
2. La crise du centre du Mali,
3. Analyse géopolitique de la crise du Mali : Jeu des acteurs, intérêts ; tendances et continuités,
4. La MINUSMA, réponse de la communauté internationale à la crise de 2012
5. Propositions de sortie de crise
Pour des raisons de commodité, de facilité ou de méconnaissance de la situation réelle, la crise qui secoue le Mali est actuellement présentée presque partout comme l’une des conséquences de la chute de Kadhafi en 2011. Cependant, une remontée du temps pourrait aider à mieux comprendre les aspects de la crise et certainement identifier les remèdes mieux appropriés. Cette remontée dans le temps peut paraitre même inutile tant la crise change d’épicentre et voit de plus en plus d’acteurs se mettre sur scène. Pourtant, comment peut-on comprendre la deuxième guerre mondiale, si on ne remonte pas au moins jusqu’à la guerre franco-prussienne de 1870 ? Comment comprendre ce qui se passe en Arabie saoudite et les liens qui unissent le royaume wahhabite et les occidentaux si on ne remonte pas au moins à la 1ère guerre mondiale coïncidant avec l’occupation de la péninsule arabique par les Turc ?
Aussi pour mieux comprendre la crise qui secoue le Mali jusqu’à présent, nous allons remonter l’histoire au moins jusqu’à 1830, juste au début des premières tentatives de pénétration coloniale française au Soudan par le Nord à partir de l’Algérie.
L’on aurait bien pu y inclure la bataille de Tondibi juste au nord de Gao et qui a eu lieu en Avril 1591. Cette date marque la première occupation de Tombouctou par des peuplades venues du Nord, et fortement apparentés aux Touaregs d’aujourd’hui. Ces conquérants faisaient partie d’une expédition militaire commanditée par le sultan marocain Ahmed El Mansour attiré par les richesses du Songhaï qu’il n’avait cessé d’attaquer. La défaite de l’armée malienne de l’Askya Ishaq 2, mal préparée à tout point de vue (technique et tactique) et avec des problèmes de commandement et d’organisation sous fond de crise sociale rappelle à bien des égards l’Armée malienne d’aujourd’hui qui perd toujours du terrain presque dans les mêmes conditions, plus de 4 siècles après. Cela aurait aussi permis de mieux démontrer la continuité historique rapportée à la persistance du mouvement touareg centré sur le Nord qui semble avoir fait tache d’huile au centre du Mali. Mais l’étude démarrera volontairement avec la période coloniale si riche aussi en évènements qui aident à mieux comprendre ce qui est arrivé aujourd’hui au Nord Mali notamment dans les régions de Kidal, Gao et Tombouctou et qui par effet domino embrase le centre du Mali.
Ainsi, une revue rapide des principaux repères ou jalons des principales crises nous permettrait de mieux comprendre le fil conducteur qui nous amènera jusqu’au liptako Gourma.
L’approche par la géopolitique comme le définit Yves Lacoste sera souvent adoptée . LYves Lacoste qui définit la géopolitique ainsi semble la mieux adaptée pour comprendre les véritables causes, les dessous de la crise :
‘’’ La géopolitique est une méthode particulière qui repère, identifie et analyse les phénomènes conflictuels, les stratégies offensives ou défensives centrées sur la possession d’un espace, sous le triple regard des influences du milieu géographique, pris au sens physique comme humain, des arguments politiques des protagonistes du conflit, et des tendances lourdes et continuités de l’histoire ’’.
PART 1 Les crises Touareg
11. Caractéristiques générales du territoire malien rapportées a la géopolitique
Le Mali actuel couvre une superficie de 1 241 238 Km2 avec 7420 KM de frontière avec 7 pays (dont 1329 km avec l’Algérie). Sa population totale est de 19 553 397 habitants. Les 2/3 de la partie Nord sont désertiques et très peu peuplés (souvent – de 5 habitants au km2. Le centre est marqué par le climat hostile du sahel alors que le Sud est plus vert, avec des précipitations pouvant aller jusqu’à 1400mm.
Le fleuve Niger qui s’infléchit vers l’est une fois Mopti traversée difficilement puis le sud à partir de Bourehm après avoir peiné à atteindre Tombouctou coule dans une zone de basse pression qui a toujours attiré les populations du Nord en quête d’eau et de pâturages.
Le sous-sol du nord comme du sud regorge de ressources minières et énergétiques. Si au sud l’or est exploité au nord l’uranium de la région de Kidal et les ressources énergétiques du désert attendent encore d’être confirmées et exploitées. Les rebelles de l’Azawad doivent être bien conscients maintenant des ressources minières des régions où ils sont majoritaires, notamment la région de Kidal.
Le Centre du Mali, en matière de richesse se distingue par ses terres agricoles propices à l’élevage et à l’agriculture, par la diversité de ses peuplades (dogons, peuls, mandingues, malinkés etc), de ses cultures et de ses paysages. Ce centre du Mali regroupant les préfectures de (Mopti, Ségou, Douentza, Koro, Ténenkou et Youwarou) se revele ainsi comme un riche patrimoine qui attirait tant de touristes avant la crise de 2012.
Quant à la population globale du Mali, plus on se porte vers le nord plus la peau des habitants s’éclaircit et plus on va vers le sud plus la peau se négrifie avec une plus forte concentration de l’espèce humaine sous toute sa diversité. Le fleuve Niger, objet de convoitise, dans sa partie Nord semble être la ligne de délimitation des populations noires au Sud et les populations de race blanche (Touareg, Arabes, Maures etc.) au Nord qui représentent moins – de 10% du total.
Cette disparité diversité géographique et culturelle qui met en évidence les zones pauvres et désertiques du nord peut expliquer le mécontentement des touareg et cette descente progressive des peuplades du nord vers le sud qui a atteint son summum en février 2013, juste avant l’opération Serval.
12. Qui sont les Touaregs ?
Il ne s’agit point d’une thèse de sociologie sur les touareg mais plutôt d’une esquisse sommaire de ce peuple très apparenté aux berbères du Maroc et de l’Algérie surtout comme l’avancent certains et que la géographie et l’histoire semblent confirmer. Ainsi nous nous limiterons seulement aux berbères touareg du 19ème siècle qui peuplent actuellement le sud de l’Algérie et le Nord Mali et qui en somme forment tous une seule entité sociale avec des us et coutumes identiques. Ce qui d’ailleurs lève beaucoup de questionnement sur le fait que leur revendication pour une autonomie ne se limite qu’au Niger et au Mali et semble point concerner l’Algérie ou la Mauritanie. Le concept de puissance et de faiblesse rapporté plus haut pourrait suffire comme explication ainsi que les facteurs géographiques et sociologiques. En effet les pays faibles comme le Mali et le Niger subissent plus les agressions de leur territoire que les états stratèges plus affirmés comme le Maroc et l’Algérie capables d’assurer l’intégrité de leur zone de souveraineté jusqu’à même étendre leur influence diplomatique, financier et militaire hors de leur sanctuaire national.
Les Touaregs sont traditionnellement des nomades, dont la sédentarisation a commencé très récemment et s’est accéléré depuis la période coloniale. La population globale des Touaregs est estimée à 3 millions de personnes repartis entre le Maroc, l’Algérie, la Lybie, la Mauritanie, le Niger, le Burkina et le Mali. Ils habitent le Sahara central et une partie du Sahel sur un espace de 2,5 millions de kilomètres carrés qui comprend des régions de montagnes, de plaines, de plateaux et de vallons que sont le Hoggar, le Tibesti, l’Adrar, l’Aïr, le Tanezruft, le Tademaït, le Tawat, l’Azawagh, le Tassili n’Ajjer ou le désert libyen.
Les touareg ressemblent à bien des égards aux kurdes d’orient, eux aussi en quête d’autonomie et vivant dans plusieurs états frontaliers.
La très grande majorité (85%) vit au Mali qui offre plus d’avantages pour les Touareg. La zone de basse pression de la région de Kidal traversée par plusieurs oued et ruisseaux qui sont reliés au fleuve Niger plus favorable à la survie de l’espece humaine pourrait bien l’expliquer dans une grande proportion. Au Mali, les Touaregs concentrés ainsi dans la région de Kidal représentent les 2/3 de la population totale des touaregs du pays. Ce qui dans une certaine mesure peut expliquer pourquoi actuellement ils ont jeté leur dévolu sur le Mali, considéré comme la partie molle située dans une zone de plus basse pression comparativement à l’Algérie ce qui nous renvoie à la théorie des hautes pressions et basses pression du géographe Jacques Ancel montrant Kidal comme un bas fond qui attire et concentre les Touaregs venant des hauteurs.
13. Explication de la concentration des touareg au Mali par une approche géopolitique englobant la géograhie, l’histoire et les acteurs
Les jeunes africains de l’ouest choisissent actuellement le Niger pour gagner l’Europe via la Lybie en évitant le Mali. Certainement l’insécurité et aussi un plus grand contrôle de cette région les en empêche alors que le désert du Nord Niger offre plus d’espaces non contrôlés.
Pourtant le Mali représente le mieux la zone de transit terrestre de la façade nord de l’Afrique de l’ouest et sert de lien entre l’Afrique blanche et l’Afrique noire mieux que le Niger. L’histoire et la géographie aide à l’expliquer de manière si aisée, de même que les très récentes crises.
Par ailleurs, tenant compte de la configuration du terrain aussi, les combattants de Lybie ont surement transité par le couloir sud algérien et non l’Air. Comme on le sait autant les caravanes ralliaient le Maghreb principalement à partir du Mali autant les français pour relier l’Algérie et le soudan français dès 1830 choisirent la route du Mali. Aussi les rebelles touareg d’aujourd’hui qui ont conquis Kidal, Gao et Tombouctou dont certains venaient de Lybie n’ont pas failli à la règle en empruntant la même route d’autant plus que le pays de feu Kadafi ne partage aucune frontière terrestre avec le Mali.
Et du point de vue du peuplement, 85 % des 2 à 3 millions de touareg éparpillés entre la Mauritanie, le Maroc, l’Algérie la Lybie, le Niger le Burkina et le Mali vivent dans ce dernier pays où se retrouve leur plus forte concentration. C’est la situation géographique du Mali qui peut expliquer en grande partie la concentration de ces peuples nomades autrefois et sédentarisés aujourd’hui surtout dans le nord Mali centré autour de Kidal.
Le fleuve Niger qui passe pas trop loin de Kidal peut aussi expliquer l’attrait des Touaregs sur cette zone qui ont dû certainement rêver d’y habiter et ont saisi ainsi l’opportunité de 2012 pour se saisir du fleuve et hisser le drapeau de l’Azawad a Tombouctou en Avril 2012.
Le concept ‘’ d’espace vital ‘’ de Ratzel reconnu comme le père de la géopolitique moderne pourrait bien être appliqué aux Touaregs à la recherche d’espace vital, de liberté, d’eau en particulier pour leur population et leurs dromadaires. En plus, leur concentration au Mali et surtout leur revendication territoriale plus visible peut s’expliquer par la faiblesse congénitale de l’État malien qui devient ainsi une zone de basse pression face à la relative puissance du Maroc, de la Mauritanie et surtout de l’Algérie.
L’explication des revendications touareg centrées sur le Mali peut se comprendre ainsi en terme de puissance et de faiblesse. Le territoire qui constitue l’actuel l’Algérie découpé d’un trait par une France esseulée par la perte de ses colonies est le berceau originel de la majorité des touareg du Mali. Le nouvel état algérien étant un état relativement puissant arrive à les contrôler, à les utiliser même parfois et à les pousser au sud vers la basse pression du Mali, l’état endémiquement faible.
La relative position des régions Nord Est du Mali par rapport à l’eau et aussi aux minerais stratégiques peut expliquer aussi la ferme volonté des touareg à ne plus lâcher la région de Kidal devenue leur berceau, quoique très récemment.
C’est en fait la protection de leur espace vital qui les conduisit à se soulever plusieurs fois contre les colons français, eux aussi en quête ‘d’extension de leur espace vital et plus tard comme on le constatera contre l’état malien qui héritera de la situation explosive laissée par le colon français qui consentit l’indépendances du Mali en fait depuis le 04 Avril 1959 et plus tard le 22 Septembre 1960 après l’éclatement de la Fédération que le pays partageait avec le Sénégal.
14. L’irrédentisme Touaregs de la période coloniale
14.1. La révolte touarègue de 1880 aux confins du nord du Soudan français
Dès 1830, une fois les routes bien connues grâce aux récits et rapports des explorateurs, des missionnaires et de l’analyse des écrits des voyageurs arabes comme Ibn Batouta qui visita le Mali de Mansa Souleymane en 1351, les français solidement installés en Algérie cherchent à la relier avec leur colonie du Soudan
En mars 1880, le lieutenant-colonel Paul François Xavier Flatters, en charge de trouver une route pour la construction d’une ligne de chemin de fer qui devrait relier l’Algérie et le Soudan français, tente un premier passage dans le Hoggar mais doit faire demi-tour par manque de nourriture, face à l’hostilité des Touaregs de la région. En décembre de la même année, une deuxième expédition forte de 93 hommes et de 280 animaux (chameaux, chevaux, ânes) est montée et tente à nouveau de passer. Mais le 16 février 1881, la mission est attaquée près de Bir-el-Gharama (150 km au Nord de Tamanrasset) par 600 hommes des trois tribus de la région, les Touaregs Hoggar, les Ouled-Sidi-Cheikh et les Senoussya, tous les membres de l’expédition sont massacrés à l’exception d’une vingtaine d’indigènes qui parviennent à regagner une base sure. Cette histoire met un terme au projet de chemin de fer et retarde pendant une vingtaine d’années la progression des forces coloniales qui prendront Tombouctou en 1893 à partir de Bamako conquis en 1891.
En 1902 à la bataille de Tit (50 Km NE Tamanrasset), l’armée française appuyée par les tribus Touareg déjà soumises à leur cause affronte les Touaregs du Hoggar et prend le contrôle de toutes les tribus de la région, soumettant en plus les Touaregs Ifoghas en 1903 et les Touaregs de l’Aïr avec l’occupation d’Agadez en 1906. Cette tragédie pour les Touaregs, qui entraîne l’anéantissement de leurs forces combattantes et la destruction d’une grande partie de la société traditionnelle, porte un nom donné par les Touaregs « tiwta », le « désastre », une période de chaos et de désarroi qui marque profondément l’histoire touarègue contemporaine et qui anime toujours l’esprit de nombreuses rébellions.
142. la révolte touarègue de la 1ère guerre mondiale en pleine période coloniale
Profitant de cette grande guerre qui occupe le gros de l’armée française, et soutenus par les turcs, les touareg sous la direction de Kawsen cherchent à récupérer leur territoires ravis par la France. Le fin stratège Kawsen rassemble autour de lui de nombreux résistants provenant de toutes les catégories sociales, instaure des stratégies militaires de guérilla et libère la ville d’Agadez le 13 décembre 1916. Face aux succès et à l’audace de ces combattants, les armées françaises et anglaises renforcent leurs troupes et chassent les combattants touaregs d’Agadez le 13 juillet 1917 ; puis de tout l’Aïr le 25 mars 1918. Kawsen mènera encore de nombreux combats dans le Tibesti et le Fezzan mais, traqué par des ennemis de plus en plus nombreux, il sera finalement tué par ses anciens alliés turcs en janvier 1919 à Gatroun, au sud de la Libye actuelle. La mort de Kawsen et la défaite des insurgés entraînent une sévère répression restée dans la mémoire collective des Touareg.
L’on peut conclure cette partie de la résistance touareg à la pénétration française et qui s’est passé hors du territoire actuellement dévolu à l’état malien en remarquant que les acteurs principaux opposés que sont la France coloniale et la nation touareg sont mus par des besoins d’espace, vital pour les touareg qui la défendent en usant de stratégies défensives et offensives , important pour les français qui ont besoin de se nourrir comme des plantes, une manière de faire référence à la botanique qui a servi a Ratzel de décrypter le comportement des hommes et l’appliquer à la géopolitique. En nous référant à Yves Lacoste, on peut aisément détecter les tendance lourdes conflictuelles de la région de Tamanrasset, point de passage au sud du Hoggar, zone de transit dont le contrôle intéresse tous les protagonistes et aussi le Nord Niger attiré par tous les protagonistes alors que l’importance de l’Uranium n’était pas connue à cette époque.
De ce qui suit et qui nous mène au Mali comme un fil conducteur, il apparait nettement que les Touaregs, en recherche de terre et d’autonomie sont la principale entité qui continuera à faire face à l’Etat malien post colonial à qui échoit le lourd legs touareg de même que le Niger voisin qui englobe l’Air, contiguë à la région de Kidal. Une manière encore de rappeler Yves Lacoste qui insiste sur l’espace convoitée, la géographie, les tendances lourdes, les stratégies offensives et défensives et les continuités de l’histoire.
15.
Les réponses du jeune état malien face aux crises touareg de 1963 à 2012 :
151. Le président Modibo Keita et la révolte des Touaregs de 1963-1964
Cette rébellion est considérée comme la première en territoire malien puisque celles de 1881 s’est déroulé dans le sud de l’actuelle Algérie et celle de 1916 sur un territoire englobé aujourd’hui par le Niger indépendant en 1960 comme son voisin de l’Est, objet de cette étude, et qui vécut la première crise touarègue post coloniale.
Les premières attaques ont commencé dans le nord au début de 1963 avec de petits raids contre des cibles gouvernementales. Les insurgés ne disposaient que de leurs chameaux et étaient équipés d’armes légères ou artisanales. Ils agissaient souvent en décentraliser sans un véritable leadership. Par contre l’armée malienne était bien équipée par les russes et bien motivée. Ce qui permit à Modibo keita de venir à bout de la rébellion assez vite.
L’entrée dans le conflit de l’Algérie sous l’impulsion du
président Ben Bella aux côtés du Mali permit de déposer tous les 35 chefs de la
rébellion et de contrôler tout le nord Mali.
Le président Modibo Keita, à la fin du conflit inaugura même la place de
l’indépendance de Tombouctou.
Les touareg durement réprimés ressentirent une profonde haine surtout vis-à-vis des maliens. Le père du célèbre Iyad Ag Ghali trouva la mort pendant cette révolte. Ce qui explique grandement le rôle de ce chef touareg dans les crises du Mali depuis la présidence de Moussa Traoré notamment jusqu’à nos jours.
152. Moussa Traore et la crise touareg dirigée principalement par Iyad Ag Ghali
Durement frappés par la sècheresse des années 70 en plus des conséquences de la révolte de 1963, les touareg, toujours en quête de terre et d’autonomie commencèrent à se réorganiser à partir de 1986 dans les régions de Tombouctou, Gao, Kidal et Ménaka. Ils sont cette fois plus soutenus par l’Algérie, la Lybie, la Mauritanie et le front Polisario.
C’est pendant cette période qu’Iyad Ag Ghali, fort de son expérience guerrière acquise sur les théâtres extérieurs (Liban surtout), nourrissant un besoin de revanche se révéla comme le leader des touareg des années 80. Il fonda en 1988, le MPLA (Mouvement Populaire de Libération de l’Azawad).
Le Mali de Moussa Traoré vient à peine de réintégrer la zone franc CFA en 1984 pour mieux réguler son économie et commercer plus aisément avec ses voisins.
Moussa Traoré arrivé au pouvoir le 19 Novembre 1968 suite à un putch militaire contre Modibo Keita est toujours fort de son armement d’origine soviétique promit l’enfer aux Touareg malgré ses voisins qui lui sont hostiles contrairement à Modibo Keita.
Le régime malien arrive à déjouer plusieurs petites
tentatives grâce à ses services de renseignement.
Mais à partir de 1990, les choses commencent à se gâter pour le nouveau régime.
Des dissensions sont notées à plusieurs niveaux de l’appareil polico-militaire,
L’économie peine et le peuple se sent de plus en plus oppressé face aux
attaques incessantes des Touaregs qui en plus de faiblir les forces de défense
et de sécurité prennent pour cible les entités militaires et gouvernementales .
Le déclenchement de la 2ème rébellion armée touareg eut lieu ainsi dans la nuit du 29 juin 1990 Iyad Ag Ghali à la tête d’une cinquantaine d’hommes, surprend le poste de la ville de Maneka. Plusieurs gendarmes sont tués, contre un blessé chez les assaillants, et de nombreuses armes sont récupérées. De juillet à janvier, un peu avant la chute de Moussa et les accords de Tamanrasset Iyad Ag Ghali et ses éléments lancent quatre autres attaques contre des cibles dans les régions de Gao et Kidal. De son côté l’armée malienne débordée tente une offensive en août sur l’Adrar (entre Kidal et Tessalit), le sanctuaire des rebelles, mais elle est mise en échec par les insurgés pour plusieurs raisons dont le terrain, les élongations, la logistique, les capacités intrinsèques des militaires maliens et le moral qui baissa.
Acculé, et faisant face aussi à un front populaire, et n’arrivant pas à mater la rébellion comme son prédécesseur, Moussa Traoré finit par signer les accords de Tamanrasset le 6 janvier 1991 avant d’être chassé du pouvoir par sa propre armée le mardi 26 Mars 1991.
Suite à la signature de l’accord, le MPLA change de nom
pour devenir le (MPA). Cependant, malgré des avancées notables qui profitent
aux insurgés autorisés[G1] même à intégrer l’armée malienne, l’accord ne prévoit
pas de dispositions favorable pour l’Azawad. Plusieurs rebelles mécontents,
font scission du MPA, jugé trop dominé par la tribu des Ifoghas.
Les Chamanamas fondent le (FPLA) dirigé par Rhissa Ag Sidi Mohamed et les Imghads (ARLA) commandée par Ag Gamou.
Le 11 avril 1992, quatre groupes rebelles favorables à l’accord de Tamanrasset, dont le MPA, regroupés au sein des (MFUA) signent le Pacte national avec l’armée malienne.
Les attaques contre les intérêts et les militaires maliens continuèrent ainsi jusqu’en 1996 vu que certains ne se sentaient pas concernés par l’accord de paix.
Ces groupes dissidents à l’accord dont l’ARLA des Imghad eurent à faire face en 1993 au MPA et ses alliés qui les battirent et réussirent même à les chasser de la région de Kidal, confortant ainsi le leadership d’Ag Ghali.
Le 27 mars 1996 marqua la fin de cette crise avec la cérémonie de la flamme de la paix à Tombouctou, au cours de laquelle 3 600 armes des anciens rebelles sont détruites. Un monument à la paix est érigé avec le reste des armes fondues. La cérémonie a lieu en présence du président malien élu en 1992 et du président ghanéen Jerry Rawlings. Ce jour la Al Ghali présent à la cérémonie était déjà nommé conseiller du Pdt Konaré et accepta même la dissolution du MPA.
Les touareg ont cette fois ci agi plus efficacement contre l’armée malienne grâce à l’expérience de leurs chef notamment Iyad Ag ghali , un commandement plus unifié et aussi grâce à un armement plus sophistiqué. Ils ont aussi bénéficié du soutien de la[G2] Lybie et de l’Algérie surtout. L’armée malienne par contre, agissant seule cette fois ci, souffrant de beaucoup de maux (effectifs insuffisants face à l’immensité du territoire et une logistique inadaptée) ne put cette fois ci tenir tête.
153. Les accords de 1991 et la suite de la revolte de 1990
Accord sur la cessation des hostilités : (Tamanrasset, 6 janvier 1991)
Le Gouvernement de la République du Mali d’une part et le Mouvement Populaire de l’Azaouad et le Front Islamique Arabe d’autre part soucieux de rétablir et de maintenir la paix et la sécurité sur l’ensemble du territoire national et principalement dans les 6è et 7è régions sont convenus de ce qui suit :
ARTICLE 1er : Il est mis fin aux opérations militaires et à toute action armée sur l’ensemble du territoire et principalement dans les 6è et 7è régions du Mali le 06/11/91 à 14 heures.
ARTICLE 2 : Les deux parties s’engagent à interdire tout recours aux actes de violences, collectifs ou individuels. Toute action clandestine ou contraire à l’ordre publié doit prendre fin ainsi que toute infiltration d’éléments armés venant de l’extérieur.
ARTICLE 3 : Les forces combattantes du « Mouvement Populaire de l’Azawad » et le Front Islamique arabe existants au jour de la cessation des hostilités se stabiliseront à l’intérieur des zones correspondant à leurs lieux de cantonnement actuel. Tout déplacement individuel ou collectif des membres de ces forces en dehors de ces lieux de cantonnement doit se faire sans arme.
ARTICLE 4 : Les Forces Armées Maliennes ne mèneront aucune activité susceptible de donner lieu à des accrochages avec les combattants. Elles procèderont à un allègement progressif de leurs dispositifs dans les 6è et 7è régions.
ARTICLE 5 : Dans le cadre du présent accord les Forces Armés Maliennes se désengageront de la gestion de l’administration civile et procèderont à la suppression de certains postes militaires. En ce qui concerne les villes (Chefs-lieux de régions et de cercles), les casernes seront progressivement transférées vers d’autres sites plus appropriés.
ARTICLE 6 : Les Forces Armées Maliennes éviteront les zones de pâturage et les zones à forte concentration de populations dans les 6è et 7è régions.
ARTICLE 7 : Les Forces Armées Maliennes se confineront à leur rôle de défense de l’intégrité territoriale dans les frontières.
ARTICLE 8 : Les combattants peuvent intégrer les Forces Armées Maliennes dans les conditions définies par les deux parties.
ARTICLE 9 : Il est créé une commission de cessation des hostilités chargée de l’application des dispositions du présent accord. Cette Commission est présidée par la République Algérienne Démocratique et Populaire en qualité de médiateur.
ARTICLE 10 : La Commission de Cessation des Hostilités est composée, en plus du médiateur, d’un nombre égal de représentants des deux parties
ARTICLE 11 : Le siège de la Commission de Cessation des Hostilités est fixé à Gao.
ARTICLE 12 : Tous les prisonniers, otages ou internés civils détenus par chacune des parties seront libérés dans les 30 jours à compter de la signature du présent accord.
ARTICLE 13 : Le présent accord entrera en vigueur à la date de sa signature.
Fait à Tamanrasset le 6 Janvier 1991 en deux originaux en langues française et arabe, les deux textes faisant également foi.
Pour le Gouvernement du Mali, Colonel OUSMANE COULIBALY, Chef d’Etat-major des Armées.
Et Pour le Gouvernement de l’Azaouad, le Front Islamique Arabe, membre du Conseil National de l’UDPM, IYAD AGHALI Secrétaire Général du Mouvement.
En présence de son Excellence Monsieur MOHAMED SALAH MOHAMMEDI, Ministre de l’Intérieur de la République Algérienne Démocratique.
154. Amadou Toumani Touré ‘’ATT’’ et le problème touareg, de 2006 à 2012
Revenu au pouvoir démocratiquement en 2002, le président malien ATT fit face aussi aux touareg jusqu’à son départ du pouvoir en Mars 2012.
En fondant l’ADC, leur but est d’obtenir un statut particulier pour la région de Kidal, le mouvement est soutenu par l’Algérie ‘, cherchant toujours à ’installer les touareg au Mali et aussi à les utiliser pour sa lutte contre le terrorisme qui sévissait sur son propre territoire.
C’était pour Al ghali toujours soucieux de l’autonomie des touaregs de revenir sur la scène au temps du régime d’Amani Toumani Touré ‘(ATT) auteur du putch de 1991 et, revenu au pouvoir en 2002 par la voie des urnes.
Les rebelles attaquent simultanément gao et Menaka dans la première ville, deux camps militaires sont occupés ; dans la seconde, le magasin d’armement est pillé. Les assaillants se replient alors avec leur butin vers l’Adrar leur sanctuaire.
Le président malien envoie des renforts mais engage rapidement des pourparlers avec les rebelles.
L’État malien commence également à former encore des milices. Deux seront créées : l’une à majorité imghad , commandée par Ag gamou , et l’autre , dirigée par Abderrahmane Ould Meydou.
La médiation revient à l[G3] ‘Algérie opportuniste car les rebelles ont refusé l’implication des chefs tribaux du Nord ou encore l’influence de la libye jouant toujours ses intérêts réclame l’abandon de la revendication d’autonomie, le cantonnement des rebelles dans l[G4] ‘Adrar Tigharghar et une interdiction de contacter d’autres organisations touarègues qui seraient actives dans d’autres pays.
Les négociations aboutissent le 4 juillet 2006 avec la signature de nouveaux accords. Cet accord est cependant mal accueilli par une partie de la classe politique et de la presse malienne, ce qui retarde son application. Les rancœurs et les mécontentements se ressentent aussi bien du côté des maliens que du côté des touaregs qui se sentent floués par l’Algérie.
En effet, selon les spécialistes du monde touarègue, la rébellion avait pour seul but de permettre à Ag Ghali, soutenu par l’Algérie, de fédérer les mouvements touaregs pour la guerre contre le terrorisme dont l’Algérie souffrait particulièrement. Alors que les combats contre l’armée malienne n’ont duré qu’une journée, l’ADC attaque en juillet et en octobre 2006 avec le soutien d’Alger engagé depuis longtemps dans cette crise interne.
D’ailleurs à l’issue des combats menés pour le compte de l’Algérie Ag Ghali est aussitôt nommé conseiller à Djeddah auprès du consul Malien. Il y séjournera jusqu’en 2010 avant d’être expulsé par les saoudiens car soupçonné d’entretenir des liens avec Al Qaida. Après un séjour à Paris, Il retourna au Mali en 2011 pour participer encore activement à la décisive intifada de 2012 à la tête de son nouveau mouvement ‘’ Ansar Dine’’ (les défenseurs de la religion).
155. la crise touareg de 2011-2012 ou la revanche des touareg sur l’état malien post colonial
Kadafi qui a subi la première attaque directe sur le sol libyen perpétrée par les USA de Reagan en 1986 est tué le 20 octobre 2011. Cette fois ci la France de Sarkozy y a joué un rôle décisif. Les insurgés libyens locaux renforcés par des milices étrangères dont parmi eux des Touaregs ont vu leur attaque facilitée par les occidentaux, devant la quasi indifférence de la Russie. Certains après la chute du guide libyen décidèrent de retourner chez eux comme ces combattants touareg qui ont acquis beaucoup d’expérience en Lybie.
Ainsi, à la Mi-octobre 2011 dans le nord du Mali, le gouverneur de la région de Kidal, le colonel major Salifou Koné et le colonel major Elhadji Gamou (un Touareg Imghad) organisent une petite cérémonie pour accueillir près de 400 combattants touaregs qui rentrent de Libye avec des dizaines de véhicules armés. Mais seuls les Touaregs de la tribu Imghad ont accepté l’invitation; les autres, les Ifoghas et les Chamanamasse, qui n’accepteront jamais de se soumettre à un Imghad, font défection et s’engagent pour la plupart dans le[G5] MNLA qui est créé le 16 octobre 2011 un peu avant la mort de kadafi survenu le 20 Octobre.
Bilal Ag Cherif, préféré à Iad Ag Ghali jugé trop proche des algériens est nommé secrétaire général du MNLA, Il est nommé aussi président du Conseil transitoire de l’Etat de l’Azawad (CTEA), et qui comptera jusqu’à 10 000 combattants. Fort de ses armes acquis en Lybie surtout le MNLA veut œuvrer pour l’indépendance de l’Azawad ‘’ réduit ‘’ car ne comprenant qu’un territoire englobant les trois régions maliennes de Tombouctou, Gao et Kidal. La région de l’Ar juste à côté, semble n’avoir pas été incorporée, certainement à cause de l’importance que les français accordent à l’uranium d’Arlit qui sert à réchauffer Paris à moindre cout. Ce qui continue à faire couler beaucoup d’encre sur la sympathie qu’affiche Paris par rapport à ce mouvement, rappelant le soutien de la France au insurgés Tchadien du Nord au temps de François Ngarka Tombalbaye.
Ag Ghali déçu car non accueilli aussi par ses frères touaregs et même par les ifoghas dont il se réclame, nourrissant toujours l’espoir de diriger la cause touareg quoiqu’hostile à une partition du Mali mais plutôt favorable à un Mali intégriste sous sa direction se rapprocha d’AQMI. Il finit ainsi en début 2012 par créer le mouvement intégriste ‘ Ansar dine’’ allié d’AQMI (Al Qaida au Maghreb Islamique).
A partir du 17 janvier 2012, le MNLA prend l’initiative de l’insurrection touarègue, chasse l’armée et prend le contrôle des villes du Nord Mali qui tombent une à une : Agelhoc le 24 janvier, Tessalit le 11 mars après un siège de 2 mois, Kidal défendue par les troupes du Colonel touareg Ag Gamou tombent le 30 Mars après 4 jours de combat, Gao subira le même sort et enfin Tombouctou est cédée aux djihadistes le 1er avril. La déclaration de l’indépendance de l’Azawad proclamée le 6 avril 2012 à Tombouctou est unanimement rejetée par la CEDEAO et par toute la communauté internationale (y compris la France et les Etats-Unis).
L’armée malienne a essayé de tenir ses positions mais confrontée à de graves problèmes d’équipement et de commandement, elle dut abandonner toutes ses bases au nord du fleuve.
En outre notons que pendant que les militaires au front se battaient et perdaient des positions, à Bamako une révolte de militaires obligea le président ATT à quitter le pouvoir le 22 Mars alors que les rebelles étaient aux portes de Kidal. Ce qui facilita l’avancée fulgurante des rebelles qui conquirent facilement le Nord mali avant de planter leur drapeau à Tombouctou le 12 Avril 2012.
Mais par la suite les autres mouvements djihadistes s’opposèrent au MNLA el le combattirent. De violents combats fratricides les opposèrent Ainsi, en fin juin 2012, le MNLA perdit totalement le contrôle de ses territoires au profit des organisations salafistes que sont Ansar Dine d’Ag Ghali, AQMI et le MUJAO de Ould Mohamed Kheirou.
Le chef du MNLA Ag Cherif défait par les troupes djihadiste est ensuite reçu à Paris en Novembre 2012. Ce qui ne cache pas une certaine sympathie de la France à son égard comparativement à l’état Mali en désordre. Peut-être que si ATT était toujours là la France serait moins hésitante et se serait engagée plus tôt. Mais remarquons aussi que la crise de 2012 à coïncidé avec la campagne présidentielle française qui porta Hollande à la présidence en Mai au détriment de Sarkozy.
En Conclusion de cette partie centrée sur l’aventure du MNLA et des Djihadistes d’AQMI, d’Ansar Dine et du MUJAO, l’on pourrait conclure en se rapportant aux principes de la géopolitique et à nos remarques que les principaux acteurs que sont les touareg et leurs alliés cherchent encore à étendre leur espace vital et à atteindre la source d’eau face à une armée malienne démotivée et en pleine crise politique. Ag Ghali confirme la continuité historique tant il a été de toutes les aventures touaregs au Mali depuis 1988, date de la fondation du MPLA. Depuis cette période et jusqu’à nos jours il fait encore partie des acteurs les plus en vue et capables d’infléchir sur l’issue de la situation surtout au Nord. C’est pourquoi l’état malien cherche encore à coopérer avec lui d’autant plus qu’après Tamanrasset, il avait été un conseiller d’Alpha Konaré. Il est aussi cosignataire des accords d’Alger de 2004. Mais sa boulimie du pouvoir et son envie de régner même sur tout le Mali, quitte à s’allier aux salafistes intégristes engagea la France et le Tchad à déloger tous les insurgés des principales villes et à forcer Ag Ghali et les autres chefs rebelles à opérer dans une quasi clandestinité.
On a vu aussi les acteurs Touaregs user de stratégies offensives et défensives tant pour attaquer les maliens que pour défendre leurs zones conquises.
Quant au facteur géographique, l’on remarque que le terrain explique facilement la descente des insurgés des hauteurs de Tessalit en passant par aghelhoc suivi de Kidal avant de terminer à Tombouctou. Cet itinéraire confirme la théorie des hautes et basses pressions. En effet la configuration du terrain aide à mieux comprendre aussi bien les actions menées dans ce conflit et aussi à prédire les prochaines actions.
La défaite de l’Armée Malienne qui n’a cessé de perdre du terrain depuis fort longtemps pour plusieurs raisons notamment le déficit en leadership nous fait remarquer les lourdes tendances. Par son entrée dans le jeu, la France marque également sa tendance lourde à toujours se faire inviter dans les conflits intra africains depuis la période coloniale. C’est aussi l’un des enseignements majeurs qui émerge de l’analyse appliquée à la variable ‘’continuité historique’’.
Enfin, ‘’l’espace vital ’’ si cher à Ratzel semble être le dénominateur commun qu’on peut appliquer à tous les acteurs qui ne font que défendre leurs intérêts visibles ou non sur des espaces souvent difficiles à délimiter.
156. L’opération Serval de février 2013 suivie de Barkhane
En Février 2013, voulant mettre fin à l’avancée des rebelles qui après la prise du carrefour stratégique de Konan menaçaient Mopti, et face à l’inaction de la CEDEAO dont c’était la responsabilité, Paris et Ndjamena attaquent les rebelles sur deux fronts. Les Tchadiens traversent le Niger et attaquent par l’Est avec succès la région de Kidal. Les français combinant une opération aéroportée et une attaque à partir du Sud en liaison avec les tchadiens chassent les Touaregs et leurs alliés de toute obédience de Tombouctou, Gao, et Kidal, les forçant à se replier jusque dans l’Adrar des Iforas où ils seront pourchassés jusqu’en fin 2013 permettant ainsi le déploiement de la force internationale de la CEDEAO remplacée par la MINUSMA pour compter du 1er juillet 2013.
La signature des accords d’Alger signés les 15 Mai et 20 juin 2015 entre l’état malien et la Coordination des Mouvements de l’Azawad couplée avec la présence des forces de l’ONU donnèrent du répit au Nord. Cependant la crise ne tarda pas à se manifester au centre du Mali, avec son cortège de morts et de populations déplacées.
Part 2. Le centre du Mali et le terroriste Amadou koufa
‘’ Dès que vous assistez à une querelle, si minime soit-elle, intervenez, séparez les combattants et faites tout pour les réconcilier ! Car le feu et la querelle sont les deux seules choses qui, sur cette terre, peuvent mettre au monde des enfants plus colossaux qu’eux-mêmes : un incendie ou une guerre’’.
Ce dicton emprunté à Amadou Hampaté Ba montre comment la crise du nord mali a contaminé le centre qui portait cependant les germes de son instabilité.
Ne dit-on pas aussi et à juste raison ‘’qu’une civilisation est attaquée de l’extérieur que lorsqu’elle porte en son sein les germes de sa propre destruction’’.
Dans ce centre du Mali proprement dit, la crise met en scène des populations déjà en tension qui se massacrent et des djihadistes toujours enragés contre l’état malien fortement affaibli dans son sein ainsi que des bandits qui profitent des tensions interethniques pour aussi bien attaquer la population que les Forces de Défense et de Sécurité maliennes.
21. Où se trouve le centre du Mali ?
Le centre du Mali englobant les agglomérations de Ségou, Djenné, Mopti ‘’ la Venise du delta intérieur’’, Konnan, Bandiagara, Bankass, Douentza etc est constitué des régions de Ségou, Mopti et Koulikoro. La zone la plus touchée se situe au nord de la région de Ségou et s’appelle le Nampalari majoritairement peuplée par les peuls. La carte du Nampalari Et les bizarreries des frontières héritées de la colonisation font que cette partie centrale du Mali fait frontière avec la Mauritanie mais surtout avec le Burkina et le Niger.
22. Les origines de la crise actuelle du centre du Mali
221. La crise touareg de 2012, cause apparente
L’insécurité dans la région centrale du Mali est très directement liée à la crise de 2012. La présence du MUJAO à Douentza dès 2012, l’établissement d’AQMI et d’Ansar Dine jusqu’au Sud de la région de Tombouctou et dans le Nord de la région de Ségou ont offert aux populations des armes et des combattants. De même, comme nous le verrons plus loin, la trajectoire d’Hamadoun Kouffa Diallo aurait été probablement bien différente s’il n’y avait pas eu la création d’Ansar Dine, qui constitue une étincelle pour le Centre du Mali. Reste que si la crise de 2012 fut l’effet déclencheur de l’instabilité sécuritaire, celle-ci trouve ses origines dans des facteurs plus profonds.
222. Les causes profondes
1. Une récession économique due
à l’insécurité qui frappe le centre
Dépourvu de ses nombreux touristes ainsi que
le bouleversement des systèmes de production causé par la baisse des
eaux du Niger qui touche l’agriculture, l’élevage et la péché ; ce qui
entraine des conflits fonciers entre agriculteurs et entre éleveurs et agriculteurs.
Si ces conflits fonciers sont anciens, la rébellion lancée en 2012 a aggravé la situation à plusieurs égards. L’insécurité qui a affecté le Nord de la région de Mopti a restreint la mobilité des troupeaux alors que l’élevage extensif est la condition de la bonne tenue de l’économie pastorale. Ces conflits se sont donc encore accentués.
Certains Peulhs, qui se plaignaient depuis plusieurs années d’une réduction de leurs espaces de pâturage au profit des Dogons, ont rallié le MUJAO en vue de se défendre face aux milices dogons, notamment à la suite de la mort d’une trentaine de Peulhs déjà à Sari en 2012 et plus récemment à Ogossougou le 23 mars 2019.
2. Le centre se sentant oublié par rapport à l’accord de Bamako de 2015 pour la Paix et la Réconciliation, voit en l’exemple du Nord la lutte armée comme un moyen de renégocier leur position sociale, économique ou politique.
3. une stratification sociale contestée par la modernité
La société malienne – et plus largement sahélienne – reste confrontée à un blocage de l’ascenseur social, tenant à la fois à la rigidité des relations statutaires entre nobles et descendants d’esclaves, notables urbains et populations rurales, imams d’héritage et leaders religieux contestataires d’un ordre intangible, et plus largement entre une jeunesse qui conteste les autorités traditionnelles tout en devenant majoritaire, sous l’effet de la croissance démographique qui rajeunit la population.
C’est le même désir d’élévation sociale qui anime certaines recrues du groupe d Hamadoun Kouffa appartenant plutôt à d’anciennes classes vassales comme les Rimaibé ou les Bellah.
4 la montée d’un sentiment d’injustice contre l’état malien
L’échec des politiques de décentralisation des pays africains concerne aussi le Mali. Les régions intérieures ressentent ouvertement leur déficit dans la fourniture des services de base comme la santé et l’éducation. En outre, les privilèges accordés souvent aux fonctionnaires exaspèrent les locaux. Enfin les exactions commises par les FDS lors des opérations de sécurisations ne font qu’augmenter le sentiment négatif contre l’état central qui leur semble si loin, et si peu préoccupé par les besoins primaires même.
5. Le développement d’un sentiment communautariste peulh
Des associations de Peulhs n’ont eu de cesse de dénoncer la multiplication des exactions commises contre leur communauté bien avant même les crises de 1990 et de 2012.
Ce sentiment, exacerbé avec l’arrivée des djihadistes est un terreau fertile qui permit la naissance de la katiba Macina d’Hamadoun Kouffa, ce prédicateur peulh rêvant d’un état théocratique qui combattit directement l’état du Mali depuis 2012 aux côtés d’Ansar Dine et d’AQMI.
C’est ce cocktail explosif qui fait que les populations souffrent de massacres interethniques, d’attaques des Djihadistes qui les font migrer vers le sud s’ils arrivent à survivre et aussi des exactions commises par les FDS enragées par leurs nombreuses pertes et souvent peu soucieuses du respect du Droit International Humanitaire.
223. Les victimes de la crise
Les cibles de ces activités néfastes sont ainsi :
• les populations autochtones supposées hostiles, dont plusieurs dizaines de ressortissants ont été tués ;
• de présumés collaborateurs de l’administration ou de l’armée, fréquemment exécutés de manière ciblée ;
• des postes ou convois militaires attaqués, là encore de manière ciblée ;
• des imams (cas de l’imam de Barkérou, près de Nampala) et des chefs de villages tués (chef de village de Dogo en avril 2015 par exemple) et remplacés par des sympathisants à la cause djihadiste ;
• des notables de la région, dont certains originaires de Mopti, Djenné, Douentza ont fui vers Bamako sous la menace des groupes djihadistes.
224. les acteurs de la crise
1.Les groupes armés identitaires
Un premier groupe, que l’on qualifiera « d’identitaire », s’est fait connaître dans la zone inondée et en particulier dans le cercle de Ténenkou pour cibler les services administratifs étatique comme L’une des anciennes figures de ce groupe est Hama Founé, ressortissant de Sossobe et ancien combattant dans les troupes de Charles Taylor au Liberia, puis du MNLA. En 1993, Hama Founé était à la tête d’une milice d’autodéfense peule formée dans le Delta pour contrer la rébellion du MPA (Mouvement Populaire de l’Azawad . il finira par rejoindre le processus de paix en 2016 après avoir commis plusieurs exaction entre temps.
2. Amadou koufa et le Front de Libération du Macina
C’est ce terreau fertile qui permit la naissance de la katiba Macina d’Hamadoun Kouffa qui combattit directement le Mali depuis 2012 aux côté d’Ansar Dine d’Iyad Ghali.
Né vers 1961, Amadou Diallo est un Peul originaire du village de Koufa, à Saraféré, dans le cercle de Niafunké, dans la région de Tombouctou, au Mali. Issu d’une famille pauvre ,il est le fils d’un modeste imam qui n’est pas issu d’une grande lignée maraboutique. Il prend son surnom en référence à son village natal. Pendant plusieurs années, il mène une formation islamique dans le cercle de Bankass, puis dans le delta intérieur du Niger. Il devient prêcheur et voyage dans plusieurs pays et notamment au Pakistan et en Mauritanie.
La Katiba Macina de Koufa connue aussi sous le nom de FLM qui a fait allégence à AQMI se retrouve ainsi dans le GSIM (Groupe de soutien à l’Islam et aux Musulmans) aux côtés d’Ansar Dine et d’autres chefs djihadistes.
Le 17 mars 2019, Amadou Koufa aurait mené l’attaque de Dioura selon le communiqué de revendication du Groupe de soutien à l’islam et aux musulman
336. Quelques repères saillants depuis 2012
27 juin 2015 : attaque du camp militaire de Nara près du foret de Wagadou attribuée à la katiba macina
7 aout 2015 : attaque hôtel Byblos de Savaré revendiquée par Al Mourabitoune bilan 13 morts
20 nov 2015 : attaque hôtel Radisson de Bamako
17 Mars 2019 ; attaque du camp militaire de Dioura bilan ,21 militaires tués
23 Mars 2019 : massacre de peuls à Ogassogou par des dogons
30 Septembre 2019 Attaque et prise du camp de Boulkessi par des terrorists, bilan 25 militaires tués et 60 disparus
225. En conclusion de la crise au centre du Mali
Cette crise secoue le Mali dans ses fondements L’état malien avec ses faibles moyens n’arrive pas à protéger ses populations et ses FDS en plus sont souvent accusées d’exaction violentes contre les populations souvent soupçonnées à tort.
Dans tous les cas l’état malien doit se renforcer et
cette fois ci traiter mieux la question ‘’ Peul’’ et le centre de manière
efficace car il avait mal abordé la question touareg.
L’urgence et l’efficacité s’imposent d’autant plus que la crise du centré s’est
métastasé sur la partie Nord du Burkina et Nord-Ouest du Niger embrasant toute
cette région appelée Liptako Gourma
Le respect strict du DIH par ses FDS renforcées est un impératif de succès de même que la prise en compte des besoins de base des populations.
PART 3 : Analyse géopolitique des crises du Mali : jeu des acteurs, intérêts, tendances et continuités
La théorie sur les hautes et basses pressions appliquées au terrain et aux acteurs selon leur niveau de puissance semble bien s’appliquer au Mali. Qu’il s’agisse des touaregs que du centre : Haute Pression rime avec la puissance des insurgés de même que pour l’Algérie qui contrôle la situation. Par contre la Faiblesse fortement corrélée avec la Basse Pression rime avec l’état Malien qui les subit, Y inclure le Burkina et le Niger ne peut que renforcer la théorie.
Les zones de haute pression riment bien avec les montagnes qui surplombent le nord du Mali de même que le Hoggar algérien et l’Air qui bloquent les touaregs dans la direction du sud du Niger. Et la zone de basse pression rime avec la vallée du Niger rattachée par ses affluents aux hauteurs de l’Adrar des Iforas surplombant Kidal.
La notion d’Espace vital de Ratzel peut s’appliquer aussi bien aux touareg à la recherche d’une terre ‘’rêvée ou promise’’ depuis qu’ils sont poussés vers le sud par les arabes qui contrôlent le Maghreb et aussi par la sècheresse. Les djihadistes d’AQMi, d’Al Qaeda, toujours à la recherche d’un sanctuaire, d’un espace vital et politique s’y retrouvent également
Quant au centre du Mali, on peut y appliquer aussi, l’approche géopolitique de Lacoste. En effet : les nombreux acteurs, populations locales, terroristes, bandits déploient tous des stratégies offensives et défensives pour le contrôle d’un espace géographique. La continuité historique et les tendances lourdes se détectent facilement car les crises exacerbées depuis 2012 étaient déjà là. Enfin la tendance lourde de l’état malien à ne jamais prendre le taureau par les cornes est toujours d’actualité et peut encore expliquer son impuissance face à la crise qui frappe le centre qui lui est vital et qu’il cherche à contrôler face aux autres protagonistes.
PART 4 : La MINUSMA, réponse de la communauté internationale à la crise de 2012
41. Aux origines de la MINUSMA, la MISMA
La tardive résolution 2085 du 20 décembre 2012 prévoyait que la MISMA aide à « reconstituer la capacité des[G6] forces armées malienne » pour permettre aux autorités de reprendre le contrôle des zones du nord de son territoire, tout en préservant la population civile. La MISMA visait à soutenir[G7] l’armée malienne afin de déloger les groupes islamistes (AQMI,MUJAO,ANSAR DINE ) qui ont pris le contrôle du[G8] Nord-Malo
Cette mission de la CEDEAO était constituée des contingents des 13 pays de l’organisation sous régionale avec un effectif prévisionnel de 6000.
La période de sons mandat 17 janvier 2013 au 1 juillet 2013.
Par manque de moyens et aussi de volonté politique, les africains demandèrent de l’aide aux donateurs pour déployer leurs troupes.
Il est à noter que la MISMA a commencé à se déployer après que les français et les tchadiens aient chassé les rebelles djihadiste du Nord Mali avant de les pourchasser jusque dans les confins de la région de Kidal alors qu’ils tenaient Tombouctou, Gao, et menaçaient même de descendre sur Mopti après avoir conquis le stratégique carrefour de Konan.
Finalement, cette mission qui a permis à la CEDAO de ne pas signer aux abonnés absents a été remplacée par la MINUSMA mandaté par de l’ONU
42. le mandat de la MINUSMA
La Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) a été créée par la résolution 2100 du Conseil de sécurité, la MINUSMA prend le relais de la MISMA à partir du 1er juillet 2013.
Le 29 juin 2020, le Conseil de sécurité a approuvé à l’unanimité la résolution 2531 renouvelant le mandat de la MINUSMA pour une nouvelle année.
Termes du Mandat de la Mission :
Adoptant à l’unanimité la résolution 2531 (2020) au titre du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies, le Conseil de sécurité a prolongé le Mandat de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) pour une année supplémentaire, jusqu’au 30 juin 2021 en maintenant ses 13 289 soldats et 1 920 policiers et sa principale priorité stratégique qui reste l’appui à la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali (« l’Accord ») par les parties maliennes et par d’autres acteurs maliens concernés.
Le Conseil a en outre maintenu la deuxième priorité stratégique, qui est de « faciliter la mise en œuvre d’une stratégie malienne globale à orientation politique pour protéger les civils, réduire la violence intercommunautaire et rétablir l’autorité et la présence de l’État ainsi que les services sociaux de base dans le centre du Mali ».
La résolution 2531 demande également au Secrétaire général de mener tous les trois mois une évaluation approfondie de la situation dans le Nord et le Centre du Mali et de la configuration de la Mission en ce qui concerne la mise en œuvre de ses priorités stratégiques principale et secondaire.
Le Conseil de sécurité a exprimé sa vive impatience face aux retards persistants et a également précisé les résultats substantiels qu’il s’attend à voir de la part des parties maliennes dans le cadre de la mise en œuvre de l’accord de paix de 2015, y compris dans la réforme constitutionnelle, la décentralisation, la réforme du secteur de la sécurité, le développement du Nord et la participation pleine, effective et significative des femmes. En outre, le Conseil de sécurité a rappelé qu’il est prêt à répondre par des sanctions, si ces mesures prioritaires n’étaient pas mises en œuvre d’ici la fin du mandat de la MINUSMA en juin 2021.
En ce qui concerne le Centre, le Conseil demande
instamment aux autorités maliennes de prendre rapidement des mesures pour
protéger les civils, réduire la violence intercommunautaire et rétablir des
relations pacifiques entre les communautés du centre du Mali au moyen du cadre
politique de gestion de la crise au centre du Mali et de la mise en œuvre
intégrale et efficace de la stratégie de stabilisation du centre du Mali.
Dans le cadre d’une action politique intégrée et globale, il demande en outre
instamment aux autorités maliennes de : désarmer sans délai toutes les
milices ; encourage l’intensification des initiatives de réconciliation en
vue de prévenir les violences et de promouvoir la coexistence pacifique entre
les communautés ;
Le Conseil de sécurité exhorte les autorités maliennes à mettre en œuvre les mesures prioritaires suivantes avant la fin du mandat actuel de la MINUSMA :
• Restaurer la présence et l’autorité de l’État au centre du Mali, en déployant les forces de sécurité intérieure, la justice et les services sociaux de base, en assurant leur opérationnalité, leur réactivité et leur responsabilité, et en mettant en place des mesures concrètes et un système de suivi des progrès à cet égard ;
• Lutter contre l’impunité des atteintes et violations du droit international des droits de l’homme et du droit international humanitaire au centre du Mali, en traduisant en justice les personnes accusées d’avoir perpétré les massacres de civils en 2019 et 2020 ;
• Poursuivre avec l’aide de leurs partenaires, leur action en faveur d’un développement socio-économique durable et inclusif au centre du Mali, notamment par des projets de développement de l’éducation, des infrastructures et de la santé publique, en accordant une attention particulière à la jeunesse.
Le Conseil autorise la mission à user de tous moyens nécessaires, dans la limite de ses capacités et dans ses zones de déploiement, pour s’acquitter du mandat. La résolution autorise aussi l’armée française, dans la limite de ses capacités et dans ses zones de déploiement, à user de tous moyens nécessaires, à partir du commencement des activités de la MINUSMA jusqu’à la fin de son mandat, d’intervenir en soutien aux éléments de la Mission en cas de danger grave.
Les termes de ce mandat montrent clairement qu’en plus du Nord Mali, L’ONU accorde surtout une importance particulière au centre tant la protection des civils a pris de l’importance dans les missions de paix.
43. Effectifs et pays contributeur
Les effectifs de la mission sont de 16 453 personnes, dont 12 644 militaires, 1734 policiers, 454 Officiers d’Etat-Major, 1421 civils, 39 experts spéciaux et 161 volontaires.
Voici les 10 principaux pays qui contribuent à l’effectif du contingent militaire :
Burkina Faso : 1 718 militaires
Tchad : 1 451 militaires
Bangladesh : 1 413 militaires,
Sénégal : 1 278 militaires
Égypte : 1 078 militaires
Togo : 937 militaires
Niger : 874 militaires
Guinée : 867 militaires
Allemagne : 408 militaires
Chine : 403 militaires
Pertes
À la date du 7 avril 2018, la MINUSMA déplore la mort de 160 casques bleus, dont 102 victimes d’actes hostiles. C’est la mission la plus dangereuse pour les casques bleus. Elle compte notamment 28 morts et 75 blessés pour l’année 2014 et 27 morts pour l’année 2016. Au 31 décembre 2019, le bilan est de 128 victimes d’actes hostiles, 29 auteurs présumés ont été identifiés et 14 personnes détenues pour ces crimes.
44. Organisations et Déploiement
Les militaires sont déployés sur 13 sites ː secteur Nord (Kidal, Tessalit, Aguelho) ; secteur Sud (Bamako) ; secteur Est (Gao, Ménaka, Ansongo) ; secteur Ouest (Tombouctou, Ber, Diabaly, Goundam), secteur Centre (Mopti-Sévaré, Douentza).
Ce déploiement montre que la MINUSMA semble se limiter aux grands axes.
45. Résultats dans les différentes dimensions dont la sécurisation, la POC le DDR, l’appui reconstruction de l’Etat de droit.
En matière de sécurité : stabilisation du front réussie
Vis à vis armée malienne : un soutien en formation et en logistique appréciable
Aide à la reconstruction : Des résultats nets et visible (La cour d’appel de Bamako et les autres QIP de la MINUSMA)
DDR : résultats mitigés voire même inexistants ; en tous inefficaces
Respect du DIDH et du DIH : la présence de la Force incite[G9] les maliens à plus respecter le DIH
46. Défis de la MINUSMA
Certes, la missions engrange du succès ne serait-ce que par sa présence mais elle est encore confrontée à une double crise de confiance, entre elle et les autorités maliennes d’une part et avec certaines populations civiles d’autre part. Les autorités maliennes ont à plusieurs reprises critiqué l’attitude de la MINUSMA face à des situations d’urgence et dénoncé les insuffisances de son mandat. Déjà en mai 2014, le gouvernement avait critiqué la mission.
Aujourd’hui encore, les populations surtout ne manquent jamais de manifester contre sa présence jugée inefficace et parfois même bloque le passage des troupes. Aussi la Minusma doit relever les défis suivants :
Déploiement et activités plus adaptés à la protection des Civils en ne se limitant plus aux grands axes
Augmentation des effectifs
Renforcement de sa QRF avec plus d’effectifs et au plus près des troupes déployées
Autonomiser cette QRF par rapport au Secteur en lui conférant les capacités d’intervenir sur tout le territoire à l’instar de la Brigade d’intervention de la MONUSCO
PART 5 : Nouvelles Propositions de sortie de crise :
Qui peut sauver le Mali vu que la CEDEAO s’est disqualifiée en 2012 par son impuissance révélée au grand jour et en 2020 encore par son incohérence dans les prises de décision communautaire suite au départ d’IBK ?
La Mali a-t-il besoin d’un nouveau souffle comme la MONUSCO avec sa brigade quasi autonome ?
50. Ce que j’en pense et qui m’engage
Les crises qui secouent le Mali depuis son indépendance politique acquise en 1960 interpellent de plus en plus la communauté Internationale consciente de son extension dans tout le Sahel et menaçant le golfe de guinée. Si jusqu’en 2012, la crise était concentrée au nord-ouest de la boucle du fleuve Niger, principalement dans le triangle Tombouctou- Gao-Aguelhoc avec Kidal et Tombouctou comme épicentres, elle concerne maintenant tout le Liptako Gourma que le Niger et le Burkina Faso partagent avec leur grand voisin malien. L’attaque djihadiste de la Cote d’ivoire du 13 mars 2016 et la récente prise d’otages français du parc de Pendjari au Bénin montrent aussi à suffisance que la crise qui s’est installée dans tout le sahel ouest africain, si on y englobe le Nigeria en crise aussi, pourrait s’exporter dans les pays côtiers. Aussi, bien que le Mali soit plus concerné au premier plan, les voisins proches et la communauté internationale s’activent tant bien que mal pour redresser la situation. Les différentes actions sans succès entreprises par l’état malien depuis la crise de 1963 ont démontré ses limites et l’exigence de nouvelles stratégies et certainement de nouveaux partenaires. La France, bien qu’elle soit le premier pays à intervenir efficacement montre à suffisance que, malgré 4500 militaires déployés elle ne peut à elle seule enrayer la descente du Mali. Son action de 2013 pourrait bien être comparée à un garrot qui cesse d’être efficace au bout d’un certain temps. On eut dit que Barkhane qui a suivi Serval devait juste être une opération de courte durée et non un enlisement progressif. Le Tchad, ce grand voisin en proie à des crises sur presque tout son territoire et qui a été bien accueilli au Mali montre des signes clairs d’essoufflement tant son armée est sollicitée partout. Le G5 Sahel qui semble jouer le rôle d’une CEDEAO amputée des autres membres a montré ses limites surtout son incapacité à intégrer les forces. La MINUSMA, mandatée par L’ONU, sommet de la communauté internationale, bien qu’essayant de contribuer au retour de la stabilité en s’engagent sur plusieurs dimensions montre qu’elle n’est pas la panacée. Elle montre de plus en plus un besoin de réadaptation à la crise qui demande une posture plus agressive à la hauteur des enjeux.
Une synthèse des cause et conséquence de toutes ces crises institutionnelles qui ont contribué à l’extension de la crise sécuritaire du Nord au centre montre que le problème est beaucoup plus politique que militaire. Aussi ce sont les politiques, à quelque niveau que ce soit qui doivent changer de posture et adopter des comportements responsables et non orientés vers leurs intérêts seulement. Sans cela, les crises apparaitront toujours sous une forme ou une autre avec les mêmes conséquences, notamment la perte du contrôle du territoire malien qui a commencé depuis la bataille de Tondibi d’Avril 1591 , la pauvreté des populations finissant par les exaspérer et en finale les insurrections militaires qui bien qu’applaudies au départ finissent très souvent par être honnies par ces mêmes populations qui les ont accueilli avec espoir, avec presque le même espoir accordé aux politiques que les militaires ont renversé.
Aussi de nouvelles approches, de nouvelles postures, de nouveaux comportements s’imposent surtout pour que le Mali cesse d’être un pays toujours en convulsion, et qui cette fois ci contamine même toute la sous-région.
51. Nouvelle posture de la communauté Internationale, notamment l’ONU
L’ONU, garant de la sécurité dans le monde est intervenue au Mali, en retard pour certain mais dans les règles pour d’autres qui tiennent compte du freinage des états forts de leur souveraineté et de la lourdeur de la machine onusienne. Son intervention doit être saluée malgré ses insuffisances notées au fur et à mesure. Elle ne peut certes être la panacée pour sortir le Mali de cette crise qui a de profondes ramifications, mais elle peut rendre son action plus efficace en adoptant ces mesures :
- Prendre le Mali comme un cas spécifique beaucoup plus complexe d’autant plus que la crise concerne actuellement au moins 3 pays
- Adapter son mandant aux 3 pays du sahel les plus touchés en y rajoutant le Burkina et le Niger
- Passer de l’aspect Stabilisation à Rétablissement du Mali comme un peu en Irak en 1990.
L’ONU en tentant d’adopter une posture plus agressive pourrait rééditer l’exemple de la MONUSCO en créant une grande structure offensive de la taille d’une brigade au minimum, autonome confiée à un seul grand pays doté de moyens intrinsèques comme la Chine ou la Russie vu que les pays de la sous-région africaine ne peuvent pas l’assurer. Il est temps d’aller au-delà d’un seul bataillon de réserve dépendant en plus d’un commandant de secteur, comme il en est aujourd’hui le cas avec le bataillon sénégalais basé à Mopti et qui sert d’élément d’intervention.
52. L’UA, l’organisation fantôme.
En tant qu’organisation sous régionale regroupant tous les protagonistes dont certains comme l’Algérie au jeu flou, l’organisation panafricaine devrait au moins être plus incisive en terme de dénonciation et de condamnation aussi bien avant les crises que pendant. Ce serait une manière efficace de pallier son manque de finance.
Sa tribune devrait servir surtout pour condamner fermement tous ceux qui ne jouent pas franc jeu.
53. La CEDEAO et le G5 Sahel
La crise du Mali a révélé au grand jour l’impuissance de la CEDEAO qui a laissé le Mali sombrer face aux hordes djihadistes sans rien faire, sinon applaudir l’intervention française intervenue une année plus tard. Sa posture et ses décisions prises lors des derniers événements relatifs au coup d’état du 18 aout 2020 ont fini de rogner sa crédibilité. Surtout lorsqu’on l’a vu alerter la Brigade d’attente après le coup de force alors que celle-ci, inexistante sur le terrain était absente lors de la prise de Tombouctou en Avril 2012.
Aussi la CEDEAO devrait
- Baser ses décisions et déclarations sur du solide avec des objectifs atteignables avant de les diffuser.
- Faire sentir a tous qu’elle ne peut être sous la conduite d’un ou de plusieurs états qui se réclament plus ou plus influents comme c’est le cas de la Cote d’ivoire lors de la décision relative à l’embargo sur le Mali.
La CEDEAO doit regagner sa légitimité et sa raison d’être en devenant impartial vis avis de tous les acteurs et tous les évènements. Le manque de condamnation de coups d’états constitutionnels, sa non réactivité face aux états qui ne respectent pas ses décisions comme le Sénégal, la RCI etc. finiront par la faire disparaitre tant elle fait preuve d’inefficacité actuellement.
C’est après ces préalables qu’elle pourra enfin se doter d’une véritable force capable d’intervenir rapidement avec efficacité. En ce moment, le G5 Sahel né avec beaucoup de malformations congénitales n’aura plus de raison d’exister ; ce qui contribuerait certainement au retour de la Mauritanie dans la CEDEAO ; voire même son élargissement par le Tchad.
54. La France, partenaire stratégique du Mali
Depuis le retour de ce dernier dans la zone CFA en 1984, La France doit être félicitée pour son intervention efficace en février 2013 qui a mis fin à l’avancée djihadiste.
Sa place de choix dans tout ne peut être protégée que si elle accepte une véritable rupture. Elle devrait ainsi:
- Prendre plus conscience du fait que sa position ambiguë du temps de Tombalbaye du Tchad face au GUNT est révolue tant l’opinion des africains du continent et de la diaspora est forte.
- Afficher plus sa prise de partie exclusive pour l’état du Mali pour mieux se faire accepter des maliens.
- Apporter une plus-value à son soutien militaire au Mali avec un véritable partage du renseignement stratégique que ses capteurs lui permettent et en ne se limitant plus à de petites formations qui influent peu sur le niveau opérationnel de l’armée malienne.
- S’engager plus dans le liptako Gourma seule ou avec des contingents de l’UE qu’elle réussirait à entrainer.
- S’impliquer avec plus d’efficacité dans le redressement économique du Mali en privilégiant une coopération gagnant-gagnant basée sur de nouvelles bases qui promeuvent la souveraineté, indispensable à tout développement durable.
55. Le Mali, principal concerné
Si sous Modibo Keita, le Mali jouissait d’une souveraineté relativement satisfaisante, il n’en est pas de même depuis Moussa Traoré jusqu’à nos jours. Ce pays ne dispose plus d’une véritable souveraineté, ni sur son espace géographique, ni sur son espace économique. C’est en fait l’un des facteurs de la révolte populaire qui vient encore d’emporter son chef d’état il y a juste 2 semaines. En effet la dévaluation du Franc malien de 1967 a contribué à la prise du pouvoir en 1968 par les militaires dirigés par le Lieutenant Moussa Traore. En 1991, ce même Moussa Traore sera aussi déposé par l’armée qui s’est fait le prolongement des revendications sociales. Le lieutenant-colonel ATT eut à donner le coup de grâce à Moussa avant lui-même de tomber 21 ans plus tard presque dans les mêmes conditions, poussé dehors par son armée. L’armée semble avoir fait sienne la colère du peuple malien contre ses dirigeants incapables d’assurer la sécurité surtout, base du développement économique et social. Le même mécontentement populaire consécutif au sous-développement, à la mal gouvernance, au manque de sécurité a aussi le 18 aout 2020 entrainé la chute de IBK initiée par la clameur populaire et comme toujours achevée par l’armée qui donna le coup de grâce.
Ainsi le Mali ou l’état malien devrait, pour exister durablement adopter une bonne gouvernance qui élimine corruption, clientélisme et népotisme, origines de tous les maux qui gangrène son administration, la santé de ses populations, l’éducation de ses enfants, la préservation de ses espaces et aussi l’inefficacité de ses forces de défense et de sécurité.
Et face à la crise actuelle qui touche le Nord et le centre du pays et qui demande une implication de toutes les forces vives, le Mali devrait agir efficacement au plan diplomatique et sécuritaire en priorité
Accepter la perte de contrôle d’une bonne partie de son territoire notamment le Nord, et se préparer méthodiquement à sa reconquête dans le moyen et long terme comme fit la France à 2 reprises.
Accepter ainsi le fait d’avoir besoin d’un temps relativement long pour reconquérir avec succès les territoires perdus, entre 5 et 10 ans. N’est-ce pas que la France a perdu l’Alsace lorraine pendant 48 ans, de 1870 à 1918 ?
Réorganiser ses forces armées pendant que l’ONU et les partenaires lui contrôlent le front Nord. Une véritable politique des RH qui privilégie l’équité dans tout semble être la panacée de même qu’une politique d’équipement transparente et réaliste. La constitution de vraies réserves militaires gérées et entrainées semble faire partie des priorités.
Chercher un partenaire stratégique comme la Chine, la Russie ou la Turquie qui semblent être les seuls pays capables de s’engager à fond pour une partie alors que les autres comme la France ménagent les chèvres et les choux alors que les USA ne se relèvent pas encore de leur malheureuse expérience de somalie de 1993. La Russie me semble la plus indiquée vu qu’elle est au Mali depuis 1960 et semble nourrir un certain espoir de la population qui a eu à le manifester ouvertement en 2012. Le fait que l’actuel CNSP ait reçu en premier l’ambassadeur russe à Bamako le 22 aout semble être une prémisse.
CONCLUSION
La sortie du COMA où il se trouve dépend en fait essentiellement du Mali qui doit regagner sa souveraineté et sa puissance publique d’abord. C’est à lui de décider d’en sortir, aidé efficacement par les autres comme c’est le cas de tous les pays qui ont traversé des crises. L’Allemagne et le japon ont été grandement aidés par ceux-là même qui en avaient fait des tas de décombres. Mais ils ont pu se relever grâce à leur génie créateur interne qui a fait preuve de patience et d’opportunisme. Le fait qu’ils aient perdu presque totalement le contrôle de leur politique tout en gardant leur âme les a aidés à se relever et se positionner aujourd’hui sur le top mondial. La France a bien patienté 48 ans avant de récupérer l’alsace lorraine suite à sa déconfiture sur le front est et Nord est en 1870, ce qui rappelle aujourd’hui ces parties géographiques du territoire malien non contrôlées par l’état.
Le Mali comme tout état veut et peut sortir de cette crise qui la mine depuis son accession à l’indépendance et entraine aujourd’hui des luttes fratricides intracommunautaires dans des zones qui vivaient en harmonie.
Quant à la MINUSMA qui certes joue bien son rôle de stabilisateur de la situation sécuritaire malgré l’insécurité qui continue de régner, elle peut gagner en efficacité et en légitimité par une refonte de son système de commandement et un renforcement de ses moyens humains et matériels.
Il y va de sa crédibilité largement entachée lorsqu’on constate qu’elle ne réussit pas à protéger les populations, rôle qui est au cœur de son mandat
En définitive, la sécurité du Mali ne sera garantie qu’avec un état responsable qui assure son rôle de protection des populations à qui il garantit un développement social et économique harmonieux. La communauté internationale ne peut et ne doit qu’aider.
C’est aux maliens de réveiller leur âme guerrière, réveil qui dépend entièrement de ses hommes politiques responsables du développement de l’appareil de défense.
Dakar le 03 Septembre 2020
Par le Colonel parachutiste (Er) Seyni Cissé Diop
[G1]A revoir peu claire
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