Contribution du Colonel (er) Seyni Cissé Diop au colloque du CESDS de Ouagadougou le 06 Septembre 2017

« Forces et faiblesses des systèmes de sécurité des pays de l’espace sahélo-saharienne face à la menace terroriste : un diagnostic de proximité pour des solutions efficientes et durables »

Mesdames et Messieurs

       Je salue cette auguste assemblée et profite  de l’occasion  pour remercier le CESDS de Ouagadougou  qui, sous la houlette de mon cher frère Auguste D Barry a bien voulu me donner l’occasion de  m’exprimer sur un sujet qui me tient à cœur tant je suis préoccupé  par l’efficience des forces de sécurité des pays de la sous région. J’ai consacré 40 années au service de l’armée sénégalaise.

Avant le 12 avril 2012 , date marquant la montée à Tombouctou du drapeau des terroristes  qui ont occupé aisément tout le nord Mali, l’anathème était jeté en particulier sur les pays de l’Afrique centrale et de la zone forestière de l’Afrique de l’ouest. Dans la liste de  ces pays  englobant  le Zaïre de Mobutu, le Rwanda ,le Congo Brazzaville, la Guinée Conakry avec, la Guinée Bissau, le Liberia, la Sierra Leone, pour ne citer que cela, soit l’armée a été  défaite par une rébellion soit a été déstructurée par de jeunes officiers sans expérience arrivés au pouvoir  par surprise en raison du manque de légitimité de leurs aînées . La Cote d’Ivoire, dernier arrivé en 2010 aurait bien pu y figurer en  octobre 2002, n’eut été l’intervention  énergique des troupes françaises qui ont empêché les rebelles  de déferler sur Abidjan et la CEDEAO qui a joué efficacement un rôle peu mis en exergue lorsqu’on évoque la crise ivoirienne.

Par contre ,l’occupation de tout le nord du Mali en l’espace de quelques semaines par des bandes armées qui ont fait reculer l’armée malienne sans qu’aucun pays du sahel n’intervienne, ne serait ce que par solidarité et intérêt a sonné la fin de présomption d’efficacité des forces de sécurité des pays  que sont en particulier le Sénégal, le Burkina Faso, le Niger, tous liés au Mali par un pacte de solidarité à travers la CEDEAO qui y a perdu une bonne partie de  sa crédibilité non encore retrouvée malgré le show de Banjul de  Février dernier .

Le niveau opérationnel des système de sécurité de la Mauritanie et du Tchad  ont aussi été évalués suite à la nouvelle

configuration géopolitique imposée par les rebelleset  qui  a permis de saluer l’efficacité de l’intervention française sans cependant laisser inaperçu  l’engagement tardif de la France comparé à leur prompte réaction pour stabiliser  la Cote d’ivoire en 2002  et le Zaïre en 1978 entre autres. Peut être que la menace était plus à leur portée et qu’ici une l une longue préparation s’imposait mais  qui a malheureusement laissé aux jihadistes le temps  de saccager Tombouctou, rappelant la triste expédition des soldats du mercenaire Djouder qui saccagèrent Tombouctou en 1591.

Les forces armées de la sous région ont manifesté ainsi  beaucoup de signe de faiblesses caractérisées par leur lente et timide montée au front du nord Mali

Les forces de sécurité intérieure, quoique tentant de remonter la pente font face et parfois avec impuissance à des terroriste qui réussissent à se faufiler entre les mailles des services de renseignement pour réussir à frapper mortellement Ouagadougou et Bamako,  à empêcher  à l’état  malien d’exercer pleinement sa souveraineté même dans le Macina et à menacer  constamment Dakar, et Niamey après avoir frappé  durement Ndjamena..

Il s’agit ainsi de s’interroger sur les raisons qui expliquent  les limites des services de renseignement  et l’action des forces de sécurité face à ce phénomène nouveau en Afrique de l’ouest qu’est le terrorisme qui frappe aussi l’Europe  et qui dans une certaine mesure est  un révélateur du niveau opérationnel  des acteurs en charge de la sécurité des états sahélo sahariennes. Cependant, la lutte contre le terrorisme du cadre d’emploi des forces de sécurité intérieures et des armées appelées à les soutenir  lorsqu’elles sont débordées.

Les chercheurs africains et étrangers ont beaucoup exposé sur les atouts et surtout les faiblesses qui limitent  le niveau opérationnel des systèmes de sécurité du sahel. Ils ont rendu public aussi bien les faiblesses relevant des politiques que des appareils de sécurité  qui en fait dépendent des états qui les les entretiennent et  les emploient. ils ont bien raison ceux qui affirment  que les états ont les systèmes de sécurité qu’ils méritent et qu’ils se sont librement donnés par ailleurs

Cette contribution, tout en essayant de compléter les analyses et propositions qui s’échangent dans nos différentes rencontres dont le forum de la sécurité de Dakar se veut comme une introspection, un regard vers des direction que ne semblent pas vouloir approfondir  les chercheurs mais aussi nos partenaires de premier plan en matière de sécurité contraints souvent d’utiliser le style diplomatique lorsqu’il s’agit de conseiller en terme de capacitation réelle de nos systèmes de sécurité d’autant plus qu’ils ne sont pas prêts à opérer un transfert de technologie dans ce domaine sensible.

Dans la mesure où cette étude se veut en finale une contribution au renforcement de nos systèmes de sécurité, elle mettra certes en évidence les forces et atouts essentiels mais insistera plus sur les faiblesses des trois  systèmes de  sécurité des états de la bande sahélo saharienne. La première partie sera ainsi consacrée au système ‘’Renseignement stratégique ‘’, tandis que la deuxième partie traitera des forces et faiblesses des ‘’Fonces de sécurité de 1ère  catégorie’’ regroupant la police, la gendarmerie et la garde républicaine principalement. Quant à la troisième partie, elle abordera le système  militaire communément appelé ‘’ Appareil militaire’’ dont les faiblesses ont été plus décriées car étant à la portée de tout observateur vu le rôle central  qu’il joue dans toutes les circonstances et reçoit ainsi les foudres de tous les pourfendeurs et bien sûr, fait aussi l’objet de tant de propositions  qui en fait cherchent toutes à lui faire jouer efficacement son rôle qui est de faire la guerre donc participer pleinement à la lutte contre le terrorisme qui endeuille la sous région. Des esquisses de solution seront exposées dans chaque partie notamment, et plus en ce qui concerne le système militaire en raison de sa centralité et aussi à cause du fait qu’il me soit plus familier.

                                         PART 1 : LE RENSEIGNEMENT STRATEGIQUE

       Les espions sont les yeux et les oreilles du souverain clamait à juste titre Sun Tzu dans  » l’art de la guerre  » et que Machiavel reprend de manière subtile dans ‘’ le prince’’

Un système de sécurité sans renseignement est comme une personne  aveugle et sourde  laissée à elle même et  qui attend que les choses lui  tombent dessus. Les états sahélo sahariens dans leur grande majorité sont certes loin de cette situation décrite ci-dessus, mais vu la situation actuelle rapportée aux besoins en renseignement stratégique à recueillir  dans la profondeur du champ de la menace ils ressemblent quelque peu à des handicapés si l’on tient compte de leur déficit en moyens modernes de recueil du renseignement  et en ressources humaines.

Certes des efforts sont fournis actuellement  en terme d‘organisation en particulier comme l’atteste  par exemple le  Sénégal qui à l’instar des autres pays  a reconfiguré ses services de renseignement et  s’est doté d’une organisation adaptée  qui favorise e non seulement  un meilleur partage du renseignement recueilli  mais aussi   une plus grande implication des  des structures de soutien comme par exemple le ministère de la sante , des finances , de l’environnement etc.  Mais le déficit à combler  pour gagner le statut de  renseignement stratégique restera encore énorme  tant que les faiblesses ci après ne sont  sérieusement prises en compte. Ainsi, la création de sa DGM (délégation générale au renseignement) à juste titre ne saurait être la panacée et pourrait ressembler à une coquille vide dans le temps si les hommes qu’il faut ne s’y activent pas  et que la situation des moyens de recueil et de traitement ne  s’améliore sensiblement.

Avant d’aborder ces faiblesses qui peuvent être surmontées par une adéquate posture  politique qui est à la base de tout, des échecs comme des réussites, il s’avère nécessaire de définir les termes.

Les  deux autres composantes du système de sécurité qui seront abordées plus tard comptent chacune en son sein son propre système de renseignement orienté qui vers l’emploi des forces sur le champ de bataille ou théâtre des opérations  comme dirait Jomini et l’autre vers les populations  aussi bien les locaux  que les étrangers.

Donc ,par ‘’Renseignement stratégique’’ est entendu ici la partie des services de renseignement ne relevant pas des deux autres  composantes et qui est chargée du  recueil et du traitement  des informations de portée stratégique  qui permettent d’anticiper sur les menaces contre les intérêts vitaux et stratégiques ; ce qui implique l’armement de ses structures par des personnes hautement qualifiées  ou dignes d’intérêt et sa dotation en moyens modernes relevant  parfois de la  technologie de pointe  grâce à la mise à disposition de ressources financières assurées qui permettent aussi l’entretien d’une forte ‘’communauté renseignement’’

Vu sous cet angle, on peut déduire plus aisément les faiblesses qui sont observées dans tous les systèmes de renseignement stratégique  de la sous région bien que les services  de  ce domaine intime des états soient les plus difficiles à étudier. Mais si les budgets consentis  sont presque  partout difficiles à évaluer, par contre l’acquisition de certains matériels de pointe n’échappe pas aux chercheurs qui y consacrent leur énergie ou même à cet observateur averti qui tombe en panne sur l’autoroute à péage de Dakar et déduit aisément la présence d’un radar de surveillance.

        1.  Les services de renseignement stratégique des pays du sahel comptent d’excellents spécialistes formés à bonne école et qui continuent de bénéficier de l’expertise des pays reconnus comme les USA, la France et Israël par exemple. Cependant, la modicité des moyens ne leur permet pas d’entretenir une importante communauté du renseignement si on compare aux 13 000 personnes qui constituent (selon une publication) la communauté du renseignement français. Une forte communauté renseignement permet de mailler plus le territoire national et d’être plus perspicace  en dehors des frontières.  Limiter le renseignement qu’aux spécialistes  sans disposer d’assez d’agents dans la périphérie est une forme de faiblesse  que les services de renseignement cherchent à combler  vu les déploiements discrets et progressifs  dans des postes aussi bien à l’intérieur ou à l’extérieur  de l’espace sahélo saharien et dont la mise en place était plus qu’attendue. La pénétration  des français  et des américains en particulier dans tous les segments des sociétés des états de la sous région  devrait servir de référence et inciter les leaders politiques à allouer plus de ressources financières à leur service de renseignement vu l’importance de la périphérie dans la satisfaction de leur besoin en renseignement . Ceci est valable pour  tous les systèmes car c’est la périphérie qui alimente le noyau central  ou qui l’assèche quelles que soient les activités de l’organisation ; ce qui semble donner plus de sens au terme ‘’ressources humaines lorsqu’il s’agit de gérer les hommes et les femmes sur le lieu de travail

       2. Les renseignement stratégiques se restructurent un peu partout dans les 6 états  pour adopter  presque le même profil avec des appellations qui changent  même s’ils utilisent tous amplement la langue française  ( DGR au Sénégal par exemple mais la présence de vrais moyens stratégiques qui peuvent  recueillir du renseignement  dans la profondeur ne s’observe pas encore. En effet aucun des pays ne dispose d’avions de reconnaissance dans la profondeur bien équipés comme par exemple le Breguet atlantique ou d’avion à réaction de rapide prévus pour le renseignement.  Cette situation renvoie à l’incapacité de leurs armées de l’air à remplir correctement sa mission de reconnaissance. Les drones de longue ou moyenne portée  n’existent nullement de même que la concrétisation de la volonté de louer en commun les services d’un satellite qui leur fournirait directement des renseignements sur leur frange frontalière nord particulièrement où se réfugient les terroristes ne s’observe pas encore. Les états de la région car il s’agit d’eux et non de leurs service de renseignement préfèrent dépendre du renseignement des occidentaux qui partagent avec parcimonie ce qu’ils veulent bien dévoiler.  Les services de renseignements devraient aussi se donner les moyens de larguer par les airs ou de poser des capteurs qui permettraient à leur forces d’être plus  efficaces lors des opérations anti-terroristes à la frontière , qu’il s’agisse d’opérations coup de poing ou de poursuites de rebelles qui viennent de commettre des exactions.

Une mutualisation des moyens suggérée  même par les partenaires  permettrait de mieux rentabiliser le lourd investissement nécessaire.

       3. Enfin, prenant comme référence des armées qui se sont modernisées et dont les services de renseignement sont couplés avec des forces de réaction rapide, nos états doivent lutter contre le désaccouplement entre le recueil du renseignement par un service  autonome et la   réaction opérée  par une force spéciale ne recevant pas sa logistique et ses ordres du même commandement.

En conclusion, les solutions pour que nos renseignements méritent plus  le label ‘’stratégique’’ dépendent des autorités politiques qui  non seulement contrôlent les finances indispensables à leur montée en puissance  mais managent aussi leur ressources humaines. La Mauritanie, grâce peut être à son top leadership plus au fait des exigences du renseignement qui ne lui sont point inconnues et aussi à l’esprit renseignement qui semble plus présent au nord du fleuve Sénégal semble être plus en avance par rapport aux autres pays . La relative accalmie marquée par la fin des attaques terroristes sur son territoire  ne peut-elle  pas être attribuée aussi à son renseignement stratégique  qui arrive à déceler  les menaces en employant plus d’une stratégie ?

La volonté politique semble bien être un impératif  pour une montée en puissance des services de renseignement stratégique qui ne mériteront pleinement cette appellation qu’en s’affranchissant plus de la tutelle de leur partenaires étrangers. Leur  rôle dans la lutte  contre les terroristes est crucial tant ils concourent grandement au succès des opérations des forces de sécurité   dont celles  de première catégorie interpellées en premier lieu .

 

                                    Part 2 : LES FORCES DE SECURITE DE 1ère  CATEGORIE

       Les forces de 1ère  catégorie comprenant la police la gendarmerie, la garde républicaine ainsi que les autres forces paramilitaires ( douane, eaux et forets, gardes pénitenciers etc ) constituent le premier pion de la manœuvre  dans la guerre contre les terroristes qui récemment encore, en août dernier, ont ensanglanté la capitale burkinabé frappée pour la deuxième fois après Bamako  frappées elle aussi à deux reprises, sans oublier les attentats qui ont frappé le marché de Ndjamena le 12 juin 2015.

Cependant nos forces de sécurité de 1ère catégorie qui ne sont pas assez  calibrées de participer plus efficacement  aux opérations de défense opérationnelle du territoire (DOT) ne semblent pas  être assez prises en compte par  les pouvoirs politiques malgré leur volonté intrinsèque de montée en puissance  avec des moyens conséquents ; ce que ne peut cacher des inaugurations de casernes ou des cérémonies de réception de matériels souvent reçus sous forme de dons.

C’est d’ailleurs cette situation qui aggrave les faiblesses observées chez ces forces par plus d’un observateur averti malgré le courage dont ils ont fait  preuve lors des dernières opérations menées contre les terroristes  du Radisson hôtel de Bamako et des  attentats  contre la capitale burkinabé. Au Sénégal, ils ont pu démanteler des réseaux terroristes qui auraient pu certainement frapper, n’eut été leur flair et leur capacité  d’écoute et de filature des présumés terroristes.  Les forces de sécurité intérieure du Tchad et de la Mauritanie responsables de la surveillance de vastes territoires ont convaincu aussi sur leur capacité de veille et de réaction. Aussi , les faiblesses observées un peu partout devraient en effet être mieux  prises en compte par le sommet de la hiérarchie des états qui attribue les fonds et nomme aux postes  stratégiques se retrouve ainsi  au premier plan responsable des  déficits et faiblesses  remarqués.

       1. La première faiblesse observée chez les forces de première catégorie des états du sahel, est le bas niveau de protection de leurs éléments qui fait qu’elles constituent elles mêmes   des cibles faciles  tant il est peu fait cas de la sécurité de leurs casernes d’abord et de leurs moyens de projection opérationnelle. En effet beaucoup de commissariats  de police ou  casernes  ne disposent pas d’un contrôle strict des entrées et sont souvent positionnés de  manière à ne pas pouvoir anticiper certaines menaces directes.

Un effort de repositionnement de certaines implantation de sécurité , exigeant certes des moyens conséquents,  devrait s’opérer de même qu’une augmentation sensible du nombre de leurs véhicules d’intervention blindé qui leur permettront de remplir mieux leur rôle dans la DOT face maintenant à des terroristes  disposant de fusils automatiques et parfois d’armes anti char.

       2. Quant aux ressources humaines, elles évoluent en dent de scie suivant les urgences du moment et non suivant une planification des effectifs à long terme. C’est ainsi que le recrutement de gros contingents s’observent un peu partout avec des délais courts cours qui ne favorise pas  une formation de qualité. Les fort contingent de policiers et gendarmes que le Sénégal recrute actuellement  grâce à un sursaut des pouvoirs publics  seront à n’en pas douter une  casse tète pour la  hiérarchie policière  qui devra jouer sur tous les registres pour leur assurer une formation correcte.

       3. Quant à la formation des agents des forces de première catégorie, elle souffre surtout d’un manque de doctrine qui fait qu’elles ingurgitent toute sorte de coopération qui souvent ne tient même pas compte de la typologie de nos foules. Cette assistance technique   trouve un terreau fertile vu le manque de doctrine écrite partagée. La finalisation des doctrine d’emploi des forces en  complément les lois et décrets relatifs au maintien de l’ordre et à la DOT est plus qu’attendue  car elle servirait de guide aux instructeurs locaux mais aussi à la coopération qui nous aide à mieux faire au terrorisme.

       4. L’inexistence quasi générale de lois de programmation de la sécurité intérieure   explique plus  la persistance des faiblesses citées supra. En effet une loi de programmation affranchie des lois de finance annuelles ou des cadres sectoriels des dépense à moyens terme  est vivement attendue car les faiblesses de nos policiers , gendarmes et gardes sont en fait causés par la modicité des budgets dévoilant ainsi un manque de volonté qui se remarque cependant moins au Tchad et en Mauritanie.

       En conclusion sur les forces de 1ére catégorie, l’on peut dire  comme en ce qui concerne le renseignement  que l’augmentation du niveau opérationnel des forces de police à engager en cas  d’urgence  et  l’augmentation du nombre de policier par 100 000 habitant qui se révèle bas  partout ( entre 1 et 2 ) sauf pour  la Mauritanie qui se détache nettement avec le record de 5  trouvent leurs solutions dans l’augmentation des allocations financières  sécurisées par des Loi de Programmation .La volonté politique demeure encore ici l’élément central qui déterminé la capacité des forces de sécurité intérieures qui doivent aussi opérer une certaine osmose qui leur permette de se nourrir de plus d’esprit militaire et d’atteindre dans une certaine mesure le niveau opérationnel  de l’appareil militaire notamment lorsqu’elles s’engagent dans  la DOT qui dans maintes occasions s’exécute de plus en plus dans des environnements qui ressemblent fort à des  théâtre à haut risque. Ce qui doit inciter  nos policiers  et gendarmes à fréquenter de plus en plus les centre de formation et les installations d’entrainement des militaires  qui eux aussi doivent s’approprier progressivement  les capacités de la police tout en préservant leur aptitude à s’engager dans les théâtres  de haute intensité .

 

                                        Part 3 : LE SYSTEME MILITAIRE APPELE ‘’ARMEE’’

       Au sens classique du terme, une armée se définit comme ‘’un rassemblement de corps de troupe prêts à faire la guerre’’. Avec la mémé approche , elle peut aussi être perçue comme  un service public qui a pour objet d’assurer par l’entretien ou l’emploi de forces organisées la protection des intérêts  d’un état..  Partout l’armée est perçue comme devant non seulement participer au développement par des actions civilo-militaires mais  servir aussi d’assurance pour les autres forces  de sécurité qu’elle est  appelée à épauler voire même remplacer lorsque la situation l’exige. L’administration  et les autres services de l’état peinent à remplir leur mission au nord Mali par exemple et même au Macina en raison du manque de garantie attendue de l’armée malienne. Il est même des situations où les forces militaires ont contribué au maintien de la stabilité en stoppant net les velléités des policiers comme il en a été le cas au Sénégal en 1962 et 1986. .En effet, une armée peut mater une jacquerie de policiers mais l’inverse ne s’est pas encore  observée. Ce qui place ainsi les appareils militaires à une position privilégiée d’assureur de la stabilité à tous les niveaux des états comme au niveau  de la sous région et peut expliquer les soins qu’ils sont en droit d’attendre pour surmonter leurs faiblesses chroniques dont certaines remontent à leur naissance en 1960.

Ainsi, vu sous cet angle, la défaite de l’armée malienne en début 2012  n’en est pas moins celle de toutes les armées de la CEDEAO   qui ont consenti à rejoindre le front plus d’une année après la chute de Tombouctou et après que français et Tchadiens aient chassé l’ennemi hors de Gao et Tombouctou et contraint les moins radicaux à négocier.

Dans le numéro  2709 de la revue  Jeune  Afrique  de décembre 2012 , François Soudan et Laurent Touchard avaient certes exagéré en taxant les armées du sud du Sahara de nullité mais leur analyse quoiqu’exposée sur un ton moqueur  peut être versée dans le panier  de résolution des problèmes qui minent les armées des états de la bande sahélo saharienne dont le Tchad bien  qu’il aie engagé sa force militaire avec succès et la Mauritanie qui a su  contrôler ses frontières et même porter le combat sur le territoire malien.

Le numéro  126   de la revue   Manière de voir de janvier 2013  n’en a pas moins épargné les armées africaines devenues malades de leur état après avoir pourtant participé à son instabilité.

Certes , au même titre que d’autres productions  ces deux revues très consultées en Afrique ont fait percevoir des lueurs d’espoirs mais une comparaison avec la France envahie en 1870 et qui a dû attendre prés de 50 ans pour recouvrer son territoire avant de céder encore face aux  mêmes agresseurs revenus   20 ans après occuper et piller, à l’instar des terroristes du nord mali du 16ème  siècle et ceux  d’aujourd’hui,  aurait certainement allumé chez les maliens une flamme plus vive de reconquête de leur espace perdu mais qu’ils peuvent récupérer s’ils font preuve de plus de nationalisme accompagné d’actions cocnrétes.

L’espoir qui est placé sur les armées de la zone sahélo saharienne où la sécurité devient un impératif de premier ordre  doit obliger les états à faire une plus minutieuse introspection qui permette  de réduire drastiquement et progressivement les faiblesses notamment celles qui ne semblent pas être partagées lors des forums sur la sécurité et que les chercheurs effleurent à peine.

La longue liste des déficits des systèmes militaires dont ceux qui seront exposés  ci après  exige un sursaut général d’urgence et des solutions durables. Et c’est à portée, dans la mesure où somme toute  les armées africaines présentent des  avantages nets   par rapport aux mouvements rebelles et aux terroristes embrigadés.

Les rebelles maliens sont certes composés d’autochtones touareg en majorité  mais une bonne partie de ceux qui  ont fait l’expédition de Tombouctou de 2012  et aussi ceux de 1591 sont des mercenaires à la solde de condottieres comme Hamadou koufa et Al Ghali ; ce qui est une forme de vulnérabilité comparée aux troupes du sahel qui leur font face et qui sont composées uniquement de soldats issus de leur territoire. Une manière de confirmer Machiavel qui dans ‘’le  Prince’’ recommandait fortement aux souverains florentins de se doter de troupes régulières et non de mercenaires qui se débandent dés que le rapport de force tourne à leur défaveur. Les terroristes du Nord Mali, confirmant cette assertion de Machiavel fort bien présentée  par la suite dans son art de la guerre avaient  tôt fait de dégager face à la pression exercée sur eux par les français et les tchadiens. En outre, la rusticité et le courage des soldats du sahel ainsi que le niveau de qualification de leurs cadres formés à bonne école  sont aussi des atouts qui permettent aux armées de la sous région de contrer les terroristes jusqu’à  les dégager complètement de la zone à moyen ou long terme. C’est une question de volonté politique et de nationalisme avant tout.

Aussi, comme dit supra la résolution de leurs faiblesses  qui s’observent à tous les niveaux et dans les différents domaines est à portée et demande en réalité moins de soutien étranger en dehors des moyens relevant de la technologie de pointe (radars, satellites, etc.).

De l’étude des faiblesses des domaines de base  associes à des esquisses de solution  il a été retenu 11 faiblesses à prendre en compte  comparé  aux 7 évoquées par Jeune Afrique et  qui ont fait frémir à l’époque, notre génération de colonels d’active titulaires pour la plupart  d’un  grand commandement en 2012.

       1. Dans le cadre de la Gestion des Ressources Humaines des faiblesses sont observées au niveau du recrutement des cadres en particulier et de la gestion des carrières

En effet, si un déficit en soldats opérationnels peut se combler assez vite, il n’en est pas de même des cadres officiers et sous officiers d’autant plus que l’armée contrairement aux autres organisations ne peut disposer des cadres des cœurs de métier que par le recrutement à la base. Aussi, les effectifs rachitiques des écoles d’officiers et de sous officier comme  on en observe au Burkina, au Niger et au Sénégal avec une moyenne de 30 à40 par an constitue une vraie faiblesse aussi bien pour l’encadrement des petites unités de combat qui en fait sont celles qui sont au contact que pour les niveaux supérieurs qui arment les états majors qui coordonnent les actions sur le terrain   . En  outre,  ces déficits à la base  ne facilitent pas un rajeunissement de l’encadrement  et limitent les  possibilités de tri des meilleurs. Certains pays comme la Mauritanie et le Mali font des efforts notoires  La dernière promotion d’élèves officiers mauritaniens est de 79 élèves et la 10ème  promotion d’école d’état major sortie cette année du même pays  comptait 43  stagiaires locaux  tandis  que la dernière promotion d’élèves sous officiers maliens atteignait avec bonheur l’effectif de 262 stagiaires.

Et ce phénomène s’observe dans les écoles de niveau  supérieur qui n’existent parfois pas  certains pays respecté comme le Sénégal qui ne dispose ni d’une école de guerre, ni d’un IHEDN fonctionnel, ni même d’une école d’état major  à l’instar du Burkina et du Niger qui sont logés presque à la même enseigne que leur lointain voisin. Le concept d’ENVR  est l’un des facteurs qui contribuent à l’inexistence des écoles d’état major locales et d’écoles de spécialisation  dans les pays francophones du sahel. Il  devrait faire ainsi l’objet d’une reconsidération vu qu’une école ne sert pas seulement à organiser des stages.  le fait que la Mauritanie et les autres pays anglophones de la sous région disposent de la gamme de toutes les écoles militaires doit amener les pays du sahel à remettre en question  cette forme de coopération avec la France qui  favorise la rareté des cadres officiers à tous les niveaux

Au plan de la gestion des carrières , l’iniquité qui s’observe un peu partout a l’opportunité de mettre aux oubliettes ou de pousser à la sortie de vaillants cadres et de propulser d’autres incapables  souvent de rêver de grandes armées modernes ou de tenir le langage qu’il faut  aux politiciens pour développer le précieux outil de défense qu’on leur a confié. L’exemple  du  CEMA français  se battant avec l’approche qu’il faut pour augmenter le niveau de préparation de ses hommes, garant des succès à venir doit inspirer certains chefs militaires africains   peu soucieux de leur inscription dans le hall of fame.

Dans la même veine, l’on peut aussi remarquer que  nos écoles et  centres de formation manquent de structures de recherche et d’édition de documents   qui doivent impacter positivement sur la formation et l’entrainement des troupes ainsi que la conduite des opérations.

Si les états majors étaient conscients du fait que les doctrines d’engagement des compagnies , batteries et escadrons se conçoivent, se peaufinent , se testent et même parfois  prennent naissance   dans les écoles de spécialisation , d’état major, écoles de guerre  etc. , ils auraient certainement insisté pour s’en doter car le rôle des structures de formation ne se limitent pas aux stages cycliques de formation mais  embrasse aussi le développement des cadres d’emploi des compagnies , bataillon, brigades etc .

       2. Au niveau de l’organisation, la répartition des prérogatives entre l’assemblée nationale et les présidents de la république  chefs des armées  constitue un facteur de faiblesse. En effet, ces derniers  soumis à peu de contrôle de l’assemblée en matière de nomination aux postes stratégiques par exemple  prennent parfois  plus en considération la confiance  et non la  compétence  s’ils ne nomment tout  simplement par fortune un condottiere   qui a aussi de bonnes entrées au palais. En outre là où les textes précisent bien que le Ministre des forces armées est le responsable de l’exécution de la politique militaire et en particulier  de la mise en condition  de l’ensemble des Forces, et qu’il est assisté par le chef d’état major général des armées,  on constate que ce dernier en matière de préparation des troupes et de gestion des ressources échappe  au contrôle de son  ministre  de tutelle parfois  plus attiré par la politique que le perfectionnement de l’outil de défense   tant son ministère est rachitique  comparé à l’Etat major militaire. Ibrahim Kader Fofana  dans son livre centré sur  le terrorisme en Afrique  avait bien raison de proposer le renforcement des ministères de la défense par une structure  d’étudier les programmes d’armement en plus des think tank qui pourraient  contribuer  à une meilleure réflexion du niveau  stratégique.  Enfin la mainmise des CEMGA sur le fonctionnement des armées (terre, mer et air) qui leur sont rattachées achèvent  de convaincre sur la nécessité d’une nouvelle redistribution des pouvoirs au sein de l’appareil militaire même  qui somme toute relève de  son ministère de tutelle  comme l’a si bien fait remarquer récemment Emmanuel Macron à son CEMA qui réclamait directement le relèvement du budget .

       3. La force protection fait référence  plutôt à l’esprit qui prévaut dans une armée en ce qui concerne la protection contre les coups de l’ennemi et aussi la capacité d’anticiper  sur les actions hostiles. Dans ce domaine les forces armées du sahel sont peu servies. Elles s’engagent en majorité sur des véhicules à découvert  qui ne fournissent aucune protection et ne diffèrent pas trop de ceux employés par les rebelles. Une augmentation des Véhicules Blindés de l’Avant et des chars lourds leur fournirait une meilleure protection contre non  les armes légères et contre les  engins explosifs. En outre les postes de combat, sont en général si démunis que n’importe quel rebelle ose  les attaquer, et parfois en plein  jour comme en témoigne les attaques récurrents dans la zone des 03 frontières  entre le Mali, le Burkina et le Niger. Pourtant la présence de  radars de surveillance rapprochée comme celui qui existe sur l’autoroute à péage du Sénégal  et un meilleur bétonnage de leurs casemates augmenteraient sensiblement leur niveau de  protection. La vie des hommes vaudrait elle moins que la surveillance des véhicules de tourisme ?

       4. Le déficit structurel des centres d’entrainement devrait constituer une véritable inquiétude et conduire à l’application des propositions déjà  soumises  En effet ,aucune armée de ces  pays n’est structurée  en brigades et ne dispose  ainsi de la structure adaptée pour l’entrainement et  le contrôle des bataillons qui semblent être leur niveau  d’engagement . Ce qui est un handicap en plus de l’inexistence d’états major de force nécessaires pour l’entrainement et  la conduite des opérations sur le terrain. Le déficit en cadres supérieurs tacticiens est une des causes de leur inexistence.

Enfin  les centres d’entrainement ne semblent point être une priorité qui puisse les faire ressembler un tant soit peu aux camps  de Mailly et de Canjuers et d’autres centres de référence bien équipés  dont les armées africaines ont aussi besoin.

       5. La doctrine manque cruellement en raison de l’inexistence de centres de doctrine, d’écoles et de centre de formation qui ne se limitent pas à l’organisation de stages. l’EAI de Thiès en est une parfaite illustration. C’est certainement ce qui fait que les troupes africaines peuvent ingurgiter n’importe quelle forme d’assistance technique, fut-elle superflue et enseignée dans une langue non maîtrisée par la troupe

       6. Un manque de réels avantages stratégiques en terme de moyens aériens par rapport aux rebelles s’observe  en raison de l’absence de véritables armées de l’air dotées d’un nombre acceptable d’avions de combat et d’appui au sol et aussi de drones. En effet toutes les armées de l’air ressemblent plus à une ALAT ; et aucune n’a la capacité d’aérotransporter en une seule rotation une compagnie de combat équipée  dotée de 2 jeeps légères. L’absence de drones  capables de détecter et frapper avec précision les terroristes  est aussi remarquée

       7. L’acquisition d’armements dans les bazars ukrainiens, chinois ; brésiliens etc.  en lieu et place d’un système d’armes cohérent constitue une faiblesse notoire en termes d’interopérabilité entre les armes et  les pays.

       8. Le manque d’une loi de programmation militaire peut être vu comme l’une des principales causes du déficit des équipements   et le désordre qui s’observe lors des acquisitions qui parfois reflètent plus le choix d’un petit groupe sans vision stratégique. A l’instar du Mali qui a voté en 2015 une LPM de 5 ans de plus de 1200 milliards de francs CFA, les pays africains devraient accepter de sécuriser leur programme militaire qui s’affranchirait ainsi pour une période  des lois de finance maintes fois révisées dans l’année. Une  LPM ne constitue certes pas une panacée mais démontre au moins l’ambition et la volonté politique d’un Etat à prendre plus en charge sa  sécurité.

       9. Le manque de forces militaires de réserves organisées et  entraînées que Jomini recommande fortement n’est pris en compte nulle part alors que le général Pierre de Villiers, CEMA français, lors d’un discours prononcé à  l’IHEDN évoquait la nécessité  d’augmenter les jours d’entrainement de la réserve nationale. Nos chefs militaires locaux semblent ignorer  l’importance des réserves  dans  le système  des forces. Peut être que les soucis quotidiens empêchent de comprendre qu’à tous les niveaux, seul l’emploi d’une réserve permet soit d’attaquer, soit de protéger un repli, ou de renforcer une ligne de défense défoncée. Des réserves  entrainées au préalable  auraient certainement contribué au succès des contrattaques du Colonel Dacko qui visaient  Gao. De même les armées de la bande sahélo saharienne auraient pu certainement accourir plus vite en mobilisant leurs réserves. préalablement entrainées. C’est peut être l’un des facteurs de succès du Rwanda qui a même institutionnalisé le poste  de chef d’état major de la réserve.

       10. Enfin dans le domaine de la  symbolique et de l’emploi des langues nationales, les armées africaines privées de l’histoire de leurs résistants et héros nationaux  limitent généralement leur origine historique  notamment au Sénégal  aux tirailleurs coloniaux  créés par Napoléon 3 . Ce qui les prive ainsi d’une bonne dose de sentiments qui pourraient renforcer plus leur esprit guerrier. La création d’un  musée pour au moins chaque  armée  et subdivision d’arme  pourrait contribuer au renforcement de la présence des héros locaux dans l’esprit des militaires  Par ailleurs l’emploi des langues étrangères  à l’endroit des soldats en entrainement et au combat  peut bien  se révéler comme une contrainte dans l’assimilation comme le souligne un rapport de l’Unesco qui  annonce que les concepts se comprennent mieux par l’utilisation des langues locales. Ceci peut expliquer peut être  certaines compétences  remarquées  chez les rwandais où le kinyarwanda est très utilisé dans la formation ainsi que chez les Ethiopiens très fiers de l’amharique, leur langue nationale très usitée.

Conclusion

       Certaines faiblesses du système militaire des 6 pays n’ont pas été exposées notamment l’informalisation et une certaine tribalisation de l’armée caractéristiques de l’armée tchadienne et qui sont dans certaines circonstances des facteurs de succès sur le théâtre des opérations mais aussi  un risque à long terme. En ce qui concerne la Mauritanie, la fracture sociale peut expliquer le déséquilibre dans la représentation des trois principaux groupes ethniques.  Ce qu’on peut remarquer partout cependant c’est la responsabilité de l’autorité politique dans la persistance de certaines faiblesses.

Dans son discours de clôture du  forum de Dakar de 2014 sur la sécurité en Afrique, Mr Jean Yves Ledrian , ministre de la défense française de l’époque avait publiquement affirmé que la sécurité se construit à l’échelle de l’état. Continuant dans sa lancée, il ajouta aussi qu’il ne pourra y avoir d’organisations régionales fortes sans au préalable des états africains forts et des armées africaines solides. La messe est dite. La CEDEAO est  dédouanée car dépendant des états. Mais les fidèles paroissiens que sont les chefs d’état ne semblent pas avoir bien écouté. A preuve, les pays du G5 Sahel comptent trop sur le soutien  étranger pour financer leur nouvelle organisation qui s’est  donné pour objectifs entre autres  la sécurité de la bande sahélo saharienne sans cependant omettre de limiter leur capacité en excluant le Sénégal.

Cette approche normale de la sécurité émise par un partenaire stratégique des six pays concernés par l’étude est partagée par tous les acteurs responsables locaux et étrangers et même les gouvernements africains vu qu’ils ne manquent  jamais de brandir l’argument souveraineté nationale pour défendre leurs choix politiques. Cette invite aux états à accepter leurs responsabilités peut aussi s’appliquer aux forces de sécurité de première catégorie ainsi qu’au renseignement qui ne pourront jamais atteindre un niveau de satisfaction suffisante sans une volonté politique  de chaque gouvernement. Le global ne peut dépasser la somme des individualités que si celles-ci existent d’abord.

Aussi, les faiblesses des systèmes de sécurité  des états ne peuvent être surmontées que par une volonté politique de doter chaque état d’un renseignement efficace et de forces crédibles capables de faire face à toutes les formes d’agression. Dans la revue ‘’manière de voir’’ de janvier 2013, un article rappelait que dans les années sombres marquées par les coups d’état militaires en Afrique, les états étaient malades de leur armée. Mais actuellement, dans cette période de périls aux frontières et de menaces à l’intérieur de leurs territoires durement touchés par des actes terroristes, on pourrait bien  dire que c’est le système de sécurité qui est malade de l’état africain  qui ne se résout pas encore à investir avec souveraineté dans la sécurité tout malgré les conseils de ses partenaires et les cris du cœur des acteurs de la sécurité de premier plan.

Une augmentation sensible des budgets militaires et de sécurité  encadrés par des  lois de programmation  pourrait bien booster à terme les capacités des forces de sécurité. Ce qui leur permettrait de s’affranchir du dictat des partenaires qui en fait limitent leur coopération à des actions de formations et l’octroi de quelques chars ; avions, systèmes basiques de sécurité achetés  souvent dans le bazar ukrainien, brésiliens ou chinois.

Pour ces pays reliés par une même ligne de front et  devant relever les mêmes défis sécuritaires,  et appelés ainsi à coopérer étroitement, seul un effort conséquent au niveau de chaque état peut garantir la sécurité de tous.

la volonté politique est en fait le maillon faible de la chaine de sécurité et celui qui est à renforcer tant elle fait partie du système  global qu’il conçoit et met en condition.

Laisser un commentaire